[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a trilogie sur le mal entamée avec Blue Jay Way et Ta mort sera la mienne se clôt avec Jenny. Précisons d’emblée que ces romans peuvent se lire séparément.
Nous restons aux États-Unis et Fabrice Colin s’amuse toujours à brouiller les pistes.
« Mensonges et vérités s’entremêlent de façon si inextricable que je ne sais même plus moi-même si la frontière existe. »
A vrai dire le lecteur se trouve un peu dans cette position décrite par un des personnages. Inconfortable parfois mais au final assez stimulante.
Il faudra, en tout cas, attendre les derniers moments du roman pour déjouer, en partie, les pièges semés par l’auteur tout au long des 300 pages.
Tout commence pourtant de manière assez classique. Bradley Hayden nous raconte sa vie, son enfance, les soucis avec ses parents, sa rencontre avec sa femme et la disparition subite de celle-ci.
Est-elle partie parce qu’elle ne l’aimait plus ? Kidnappée ? Morte, victime d’un serial killer ?
La descente aux enfers de Bradley débute alors.
Enquête, embauche d’un détective privé. Toute cette première partie se développe dans les codes normaux et habituels du polar.
Zone de confort presque.
Pourtant la suite va emmener le lecteur dans un dédale.
Fabrice Colin s’amuse à jouer avec les temps narratifs. Au lecteur de faire l’effort pour s’y retrouver.
Tout cela a parfois évoqué en moi Lost Highway de David Lynch.
Un détective très étrange. Des semaines passées dans un hôpital psychiatrique lui aussi assez bizarroïde, de très courts chapitres évoquant d’anciens meurtres et puis la présence obsédante de Jenny. Monstre manipulant le héros à sa guise. Personnage trouble, qui révélera son passé, là aussi vers la fin du roman, et se montrera sous un nouveau jour.
Dans ce roman foisonnant et percutant, Fabrice Colin, auteur prolifique, notamment pour la science-fiction et la fantasy, nous offre une lecture intense, confirmant ainsi sa nouvelle addiction pour le genre du polar.
Jenny de Fabrice Colin, aux éditions Sonatine, novembre 2016