Après le succès de Skyjo, de nombreux copycats ont été proposés sur le marché. Vous aviez aimé ce jeu ? Alors Symbiose risque de vous plaire puisqu’il pourrait être considéré comme son cousin. Et si, (comme moi), vous n’avez guère apprécié Skyjo ? Symbiose risque toutefois de vous plaire puisqu’il permet aux joueurs d’effectuer de vrais choix stratégiques là où son « cousin » est répétitif et si aléatoire.
Sorti chez les toulousains de Subverti, Symbiose est parvenu à conquérir un public plus large que ne l’avaient pensé ses éditeurs. Et c’est mérité. Derrière son apparence de jeu paisible thématisé autour des écosystèmes aquatiques se cache un petit bijou d’interactions intelligentes. Pas de bluff, pas de trahison et pas de chaos. En revanche, on observe, on planifie et on espère que le voisin ne va pas jouer la carte qui fera tout basculer.
Dans Symbiose, chaque joueur construit sa mare pour former une grille de deux fois quatre cartes, façon Skyjo. Pour ce faire, il va prendre l’une des quatre cartes (face visible) du milieu et l’échanger contre l’une de ses cartes retournées. Chaque carte représente un animal (poisson, grenouille, libellule) et rapporte des points selon des manières différentes. Certaines cartes rapportent 8 points quoi qu’il arrive quand d’autres rapporteront, par exemple, 3 points pour chaque grenouille située dans votre mare.

Le petit twist du jeu, c’est que, à la manière du plus confidentiel Splito, les cartes que vous placerez tout à gauche de votre mare marqueront des points en fonction de ce qui est présent dans la mare de votre voisin de gauche. Par exemple, si vous placez une carte qui rapporte 3 points par « grenouille » « carte verte » située dans votre mare, mais que vous n’avez pas de « carte verte », il vous suffit de la mettre tout à gauche de votre jeu pour marquer beaucoup de points si votre voisin de gauche a, lui, plusieurs « cartes vertes ». Et idem si vous placez des cartes à droite de votre mare. L’explication est sans doute laborieuse à l’écrit mais extrêmement limpide en présence du jeu. De manière plus simple, retenez que dans Symbiose, l’endroit où vous placerez vos cartes aura une importance majeure.
Cette gestion des interactions constitue vraiment le cœur du jeu. Mais Symbiose, à l’image de son thème, reste un jeu positif. Ce n’est donc pas de manière frontale que ces interactions s’opèrent, mais plutôt dans une observation constante du jeu du voisin afin de profiter des opportunités qui apparaissent. C’est subtil, fluide et franchement élégant.

Par ailleurs, les règles sont simples à expliquer et les parties ne s’éternisent pas puisqu’il faut compter dix à quinze minutes. Malgré sa légèreté apparente, le jeu propose de vraies décisions et de vrais dilemmes. Préparez-vous à hésiter à poser une carte car ce qui peut vous rapporter des points peut en procurer davantage encore à votre voisin ! Il est rare de voir un jeu aussi simple en apparence (après tout, il s’agit seulement de poser huit cartes devant soi) générer autant de réflexion. Une variante permet également de jouer à deux en ajoutant un troisième joueur fictif. Ce n’est sans doute pas la configuration que l’on recommandera le plus mais elle tient néanmoins la route.
En résumé, Symbiose est un jeu calme (« chill », serions-nous tentés de dire) mais pas mou. Stratégique mais pas prise de tête. C’est un jeu qui plaira aux amateurs de gestion fine, d’observation et de belles synergies. Et c’est aussi un très bon jeu pour initier en douceur à des mécaniques de réflexion et de spatialisation.
Parfait pour jouer entre adultes qui veulent un jeu intelligent sans brûler de neurones, ou avec des enfants à partir du moment où ils peuvent comprendre l’idée d’optimisation. Last but not least, on appréciera ces illustrations magnifiques et la qualité de l’édition avec des cartes au grand format parfaites pour surveiller le jeu de son adversaire situé à distance.



