Jim O’Rourke nous revient avec un nouvel album et c’est un événement. Certes, on ne peut pas dire que le prolifique quadragénaire se fasse rare, c’est d’ailleurs plutôt le contraire puisqu’en cette année 2015 , on a déjà eu le plaisir de se mettre dans les oreilles Behold, sa collaboration avec l’australien Oren Ambarchi pour deux longs morceaux expérimentaux disponibles depuis février chez les Editions MEGO, un label autrichien. On attend également avec impatience de pouvoir écouter Unidentified Again, son nouveau projet en compagnie de PBK (Philip B. Klinger) attendu ce mois ci chez Pica Disk, label norvégien.
Non, l’événement est que Simple Songs, son nouveau disque est le premier disque « traditionnel » depuis Eureka (1999) et Insignificance (2001), sur lequel il se fait chanteur compositeur dans un format pop des plus classiques mais de très, très haute tenue.
Jim O’Rourke est né à Chicago et réside dorénavant au Japon. Outre une carrière solo bien remplie, il fit partie de divers groupes dont Gastr Del Sol, Loose Fur, Brise-Glace ou encore Sonic Youth de 2000 à 2005. On lui doit également diverses collaborations et productions auprès de Smog, Loren Connors, Stereolab ou Wilco. Bref, le monsieur est productif et enchaîne disque sur disque oscillant entre univers expérimental et œuvres plus classiques, cherchant à concilier son amour pour ses deux maîtres, John Fahey et Burt Bacharach.
Avant de se pencher sur ses simples chansons, je ne peux m’empêcher de vous offrir un extrait de Behold :
Simple Songs a été enregistré au japon avec des musiciens locaux, même si Jim O’Rourke joue lui-même de la plupart des instruments, et se compose de 8 chansons lorgnant vers le soft rock et la pop des années 70, celles de Todd Rundgren, Randy Newman ou encore Jackson Browne.
Toujours plein d’humour mordant, Jim O’Rourke se sait attendu par les fondus d’Eureka et commence par les saluer à sa manière dès Friends With Benefits le premier morceau, par ses mots : Nice to see you once again, Been a long time my friends, Since you crossed my mind at all. Les paroles sont toujours très fines, entre humour distancié et chaleur ironique et Jim O’Rourke se fait un plaisir de nous la balancer avec sa voix tendre de gros fumeur.
Là où Jim ne plaisante pas c’est avec la musique, les arrangements sont superbes, chaque note, chaque pont, chaque instrument (guitares, piano, mais aussi mandoline, cor ou trombone) sont parfaitement à leur place, au millimètre près.
Simple songs est tout sauf simple, chaque titre est dense, complexe et d’une finesse exquise. On se ballade entre pop, rock et folk (poignant These Hands) avec une pointe de jazz (Last Year) et c’est superbe de bout en bout jusqu’à ce All Your Love, majestueux morceau avec son piano en apesanteur et ses envolées lyriques.
Jim O’Rourke nous offre là un classique instantané qu’on écoutera encore et encore, une œuvre faite pour rester, émouvoir et impressionner à chaque écoute. Simple Songs est disponible chez Drag City depuis le 19 mai, mais comme le monsieur n’aime pas beaucoup les mp3 et autres versions digitales, vous devrez vous contenter des quelques images surréalistes qui suivent avant de vous précipiter chez votre disquaire préféré…
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J’ai mis du temps à le trouver bon. Sans doute ai-je trop en tête Eurêka, l’un de mes albums favoris de tous les temps. Mais au fil des écoutes, il se dévoile ce disque. Très bon.