[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]hez Addict Culture, les choses sont en général bien organisées : pour les chroniqueurs mâles, les jolies chanteuses (moi) et les bourrins hirsutes (les autres), pour les filles, les disques romantiques et les fines mélodies.
Ca marche presque à tous les coups, presque, parce que, quand il a fallu se lancer sur le Kindly Now de Keaton Henson, nos charmantes chroniqueuses ont soupiré, blêmi et rougi dans la même seconde, j’en connais même une pour qui une intervention des pompiers fut nécessaire. Bref, c’est donc BB qui s’y colle !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l faut admettre que le bonhomme porte beau la barbe et qu’il n’est que délicatesse et douleur tendre dans un monde de brutes.
Nous avions découvert ce londonien avec le magnifique Birthdays sorti en 2013 avec ses folks songs dépouillées à l’extrême, à faire passer The Tallest Man On Earth pour un dangereux fou furieux.
En effet, sa voix, ses thèmes, je dirais même son regard de chien battu, tout transpire une immense tristesse chez Keaton Henson, si immense qu’on a envie de le prendre dans nos bras et lui faire un gros câlin à ce p’tit bonhomme. Il a bien essayé de ne plus chanter sur son album suivant, Romantic Works, rien n’y fait, on sort sa boîte de kleenex voire même 2, le temps de changer de face.
Kindly Now, certes plus lumineux et lyrique, se grave également au fond de notre petit cœur qui saigne, transporté par tant de douleurs et de peurs, il suffit de l’entendre susurrer « Don’t Forget Me » sur le sublime The Pugilist ou se plonger dans les paroles de l’ironiquement dénommé Alright pour se convaincre que les nombreuses phobies de Keaton Henson ne sont pas toutes guéries.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]‘insiste beaucoup sur cette impression de tristesse, car elle pourrait en éloigner certains, impressionnés par tant de sentiments et de noirceur.
Le voyage vaut pourtant le détour, car Keaton Henson sait mettre magnifiquement en musique son mal-être, seulement parfois accompagné d’un piano (No Witnesses ou le final How Could Have I Known) ou porté haut par des cuivres brûlants et des cordes raffinées, l’ouverture magnifique de March, l’aérien Comfortable Love, le Holy Lover qu’on aurait pu imaginer chez Paul Simon, en sont les plus beaux exemples.
Incroyablement délicat, donnant parfois même l’impression de tout faire pour passer inaperçu, comme s’il se trouvait juste dans la pièce d’à côté, fermant discrètement la porte.
Amours déçus, pertes et retrouvailles décevantes, Keaton Henson raconte sa vie avec honnêteté et simplicité et tente de nous la partager, encore plus malheureux de nous voir pleurer à ces tristes histoires. Pourtant, j’y reviens souvent, comme lorsque je fais tourner en boucle la scène poignante d’un film qui me tire, malgré moi, toutes les larmes de mon corps à chaque vision, imaginez ainsi E.T. qui phone home mais tombe toujours sur le répondeur….
Le très beau Kindly Now est disponible chez PIAS depuis le 16 septembre.