Souvenez vous, dans les années 80, sévissait le groupe Eurythmics, un groupe qui a engendré 8 albums en 8 ans. Connus dans les premiers temps pour leurs sonorités électroniques et synthétiques que seule la voix puissante d’Annie Lennox arrivait à réchauffer, le groupe diversifia ses sonorités pour toucher à des registres plus soul puis rock.
Une fois le groupe séparé, la chanteuse a ralenti sa production. Panne d’inspiration ? Le fait est que sur les six albums solo qu’elle a produit depuis 1992, seuls trois contiennent exclusivement des compositions originales. Il y a eu un album composé de reprises de chansons de toutes provenances, puis un autre de chants de Noël. Cette année, elle est revenue avec un album de reprises de chansons jazzy, en mode crooner. Il ne manque plus que l’album de duos reprenant ses succès pour qu’on aie le quarté gagnant de la chanteuse sans inspiration, pourraient dire les mauvais esprits. C’est pas faux.
Intitulé Nostalgia, cet album présente sans fards les intentions de la chanteuse : rendre hommage aux chansons qui ont bercé sa jeunesse.
Dans un autre registre, dans une moindre mesure, deux autres chanteuses ont cette année produit des albums dans des sonorités qu’Eurythmics n’aurait pas reniées : Kelis avec Food, composé de chansons originales dans la plus pure tradition Soul, et Zola Jesus, avec Taiga, un album basés sur les sons électroniques les plus dark, mais pas seulement.
Des sonorités d’un autre temps, remis au goût du jour par des artistes sortant du lot, voilà le point commun de ces albums. Et alors, qu’est-ce que ça vaut ?
(oui, tout ça pour en venir là)
Pour chacun de ces albums, les instrumentations suivent la tradition des registres qu’ils reprennent, pas trop de surprises là dedans, ni de recherche d’originalité. Pour Zola Jesus, néanmoins, on notera la présence de vrais cuivres et cordes, dont elle a appris à gérer la présence lors de la réalisation de son album Versions.
Dans ce cas, en quoi ces albums sont-ils notables ?
Eh bien, parce que, si on peut considérer que ces productions sont passéistes, on peut aussi estimer qu’elles restent dans la lignée d’une certaine tradition, et que le résultat est plutôt plaisant !
Pour Annie Lennox et Zola Jesus, il faut évidemment apprécier leur voix, leur maniérisme, leur manque de sobriété. Pour certains, c’est justement pour cela qu’on les aime.
Pour Kelis, il faut aimer le voile caractéristique de sa voix, les cuivres qui pétaradent dans les productions de David Sitek, et ne pas trop être végétarien si on veut lire les paroles, axées sur l’amour et la bouffe, et notamment la viande.
Si Nostalgia est à écouter au coin du feu en sirotant un cocktail, dans un pince-fesses robes longues et smoking, Food et Taiga sont plutôt faits pour se dandiner, voire transpirer sur des rythmes soutenus.
Annie Lennox a annoncé ne pas être sûre de continuer à produire des albums par la suite. Très engagée dans des causes humanitaires, notamment la lutte contre le SIDA en Afrique, la dame se laisse aller à son inspiration qui, comme on le dit plus haut, n’a pas toujours été au rendez-vous.
Pour Zola Jesus, il s’agit de creuser le même sillon tout en enrichissant son oeuvre, en l’ouvrant à de nouvelles sonorités. Pas de révolution à l’horizon, mais pour qui aime, pas de déception non plus.
Kelis, elle, continue dans les ruptures. Après des débuts dans le rap sous la houlette des Neptunes (et doncPharrell Williams), la Miss avait glissé dans la RnB plus ou moins exigeante. Elle avait même produit un hit étrange et moite, Milkshake. Puis elle est passée à l’euro-pop putassière et efficace, sous la houlette de David Guetta. Aujourd’hui elle revient dans un registre soul et sérieux. Chacune de ses productions est une surprise, et c’est ce qu’on aime chez elle.
Voilà trois albums sur lesquels jeter une oreille. Il y en a pour tous les goûts !
Nostalgia, album sorti le 27/10/2014 chez Island Records
Taiga, album sorti le 20/08/2013 chez Sacred Bones Records
Food, album sorti le 28/04/2014 chez Ninja Tune