[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vec Oh My God, son nouvel album, Kevin Morby a décidé de prendre des risques. Convaincu qu’avec le statut acquis grâce à ses disques précédents, il pouvait enfin se lancer dans un projet à la hauteur de ses ambitions.
Le pari est réussi. Oh My God est plus dépouillé, mettant en valeur son chant et des textes tournant autour de sa vision de la religion. C’est un Kevin Morby très jetlagué qui a reçu Addict-Culture pour un entretien pendant lequel il détaille ce nouveau projet qui pourrait donner un nouveau tournant à sa carrière.
[mks_dropcap style= »rounded » size= »28″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Interview[/mks_dropcap]
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Tu as composé et enregistré tes deux albums précédents quasiment en parallèle. Cela t’a laissé tout le loisir nécessaire à la composition de Oh My God.
Est-ce la raison pour laquelle c’est un double album ?
J’ai composé Singing Saw et City Music en 2015. Ça m’a laissé du temps même si je n’ai composé les nouveaux titres que par intermittence, entre les tournées.
Ce concept album tourne autour de ta vision de la religion. Pourquoi avoir choisi ce thème ?
C’est un sujet qui revient régulièrement dans mes albums. Je trouve que la religion offre un angle permettant de raconter des histoires intéressantes. Aux États-Unis, elle est présente dans ta vie que tu le veuilles ou non. Dans le vocabulaire utilisé, dans tes actes. J’ai grandi dans une région où les gens vivent dans la crainte de Dieu. Sur les voies d’autoroute, des pancartes te promettent l’enfer si tu te comportes mal. Ça laisse des traces. Je trouve également qu’écrire sur la spiritualité permet d’apporter de l’espoir et de la lumière à mes textes.
Quel était ton rapport à la religion avant d’enregistrer ce disque ?
Je n’ai pas eu d’éducation religieuse. Ça m’a permis de garder de la distance. Une personne ayant grandi dans la religion a des chances de la rejeter par saturation à un moment de sa vie. Plutôt que de subir l’omniprésence de la religion dans mon pays, j’ai développé une certaine curiosité à son égard. Mais pas suffisamment pour me donner envie de croire en dieu. Je suis fasciné par les églises et les cathédrales. Les vitraux, les peintures et l’imagerie qui s’en dégagent sont superbes. Mais je les apprécie de la même façon que quelqu’un aimant les peintures sur la conquête de l’ouest.
Aurais-tu effectué en parallèle des recherches sur le sujet avant de te lancer dans le disque ?
Non, je voulais raconter une histoire telle que je la connais. Pour moi, tu n’as pas besoin de faire trop de recherches avant de te mettre au travail. Cela peut te faire dévier de tes intentions initiales.
Tu dis qu’après avoir consacré une grande partie de ta vie à la musique, tu souhaites qu’elle reste intéressante. Est-ce quelque chose qui te travailles au moment de te lancer dans l’écriture d’un nouvel album ?
Je ne suis pas quelqu’un d’inquiet. Par contre, je n’arrive pas à me détendre avant qu’un album soit bouclé. Le problème étant que dès qu’un disque est terminé, j’en commence un autre. Ça ne m’empêche pas de m’amuser et de prendre du plaisir à travailler.
Tu as affirmé n’avoir jamais pu réaliser l’album que tu souhaitais par le passé. Jusqu’à aujourd’hui, qu’est-ce qui t’a empêché de concrétiser ce que tu avais vraiment en tête ?
J’ai réussi à créer des albums dont je suis fier, j’ai des fans qui me suivent. À ce stade de ma carrière, je sais que les gens s’intéressent à ma musique. Je n’ai plus besoin de convaincre une partie de mon public. Je me suis dit que je pouvais enfin prendre des risques.
Tes chansons laissent plus de place au silence, aux atmosphères. Pourquoi ?
C’est le deuxième album sur lequel je travaille avec le producteur Sam Cohen. Je ne voulais pas qu’on se répète. L’idée de départ était d’écouter un disque qui donne l’impression de se trouver dans une cathédrale. Pour y arriver nous avons utilisé une chorale, un orgue, un piano et moins de guitares et d’instruments à cordes que par le passé.
Cela est fait sans excès car on devine des références plus rock dans l’album.
Oui. J’écoutais pas mal Suicide et Arthur Russell pendant l’enregistrement. Je pense que cela s’entend par moment.
À quel point ton producteur Sam Cohen s’est-il investi dans ce nouvel album ?
J’étais ouvert à ses suggestions. Quand j’ai un son en tête que je n’arrive pas à décrire ou à trouver, il arrive à le créer. Quand je bloque sur un arrangement ou une suite d’accord, il sait qui appeler pour dépanner. Il vit pour la musique. Il sait articuler ce que j’essaie de faire.
En étant plus dépouillé, Oh My God permet de plus se focaliser sur les paroles. Avais-tu cela en tête lorsque tu as composé les morceaux ?
J’en étais conscient dès le départ. Je voulais que ma voix soit plus en avant, qu’elle soit plus soignée. C’est mon cinquième album, il fallait que j’appuie mon rôle de chanteur. Cela a eu un effet direct sur les paroles.
Pourrais-tu nous parler de Beautiful Strangers, le titre qui t’as amené vers d’autres territoires et plus particulièrement ce nouvel album ?
Beautiful Strangers parlait d’un sujet n’ayant rien à voir avec la religion : le déchirement du monde. Il contient une sorte de mantra. J’y répète régulièrement “Oh My God”. Le titre fonctionnait très bien pendant mes concerts. Les gens chantaient “Oh My God” avec moi. Je me suis dit que je tenais peut-être quelque chose. J’ai essayé d’écrire deux-trois titres avec le même mantra. Tout est parti de là.
Avoir mis deux versions de Oh My God sur l’album participe donc à ce mantra que tu avais en tête ?
Exactement. Je voulais un fil conducteur créatif. C’est l’unique raison.
Tu composes tes titres avant de t’endormir et au réveil afin d’être proche des sensations provoquées par les rêves. Pourquoi ? Chercher à ne pas être confronté à la réalité ?
En quelque sorte. Pendant ces moments, tu es dans des états proches du subconscient. Tu n’es ni endormi, ni éveillé. Des choses auxquelles tu ne penserais pas forcément dans un état normal traversent ton esprit. Je trouve que ça donne une bonne structure de départ à mes chansons.
Pourquoi avoir voulu accompagner l’album d’un court-métrage réalisé par Chris Good ?
Il avait déjà réalisé des vidéos pour moi. Il allait également réaliser toutes celles des singles de Oh My God. Je me suis dit qu’il serait peut-être mieux de réaliser un court métrage. On a commencé à y réfléchir et à travailler dessus ensemble. On s’est rapidement pris au jeu. Nous nous sommes sacrément amusés. Je le décrirais comme aussi fun qu’une descente en grand huit. Ça m’a donné envie de me lancer un jour dans le grand bain et de réaliser un clip vidéo. C’est un sacré engagement, bien plus que ce que l’on imagine de l’extérieur. Si je le fais, je m’y consacre à 100% et je ne fais plus de musique.
Merci à Agnieska Gerard
Merci à Alain Bibal pour ses photos
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