[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es plus anciens se souviennent. C’était il y a plus de 40 ans. La musique se déclinait souvent sous forme de concepts artistiques qui évoluaient au gré des saisons et qui donnaient des disques parfois assez longs, centrés sur les individualités qui constituaient les groupes de l’époque. Qui ne s’est pas un jour pris pour Mick Ronson, Lou Reed ou John Bonham ?
Et donc, ces mêmes anciens ont assistés à la naissance du Rock Progressif, du Glam, du Soft-Rock, du Rock sudiste ou encore de certaines variations du Folk-Rock initié dans les années 60 par toute une frange de gens allant de Bob Dylan aux Byrds en passant par le Buffalo Springfield de Neil Young et Stephen Stills.
Kurt Vile fait partie de ces musiciens qui ont parfaitement digérés une certaine influence seventies et qui s’évertuent à la transposer dans un monde musical qui, aujourd’hui, n’évolue plus vraiment à la faveur d’un Rock dominant le marché et qui de plus se consomme à la manière d’un fast-food auditif. Alors, qu’est-ce qui pousse des gens comme lui à sortir des albums très centrés sur la guitare où l’arpège est roi et qui, de surcroit, durent 79 minutes ? Et à qui tout ceci est-il destiné en 2018 ?
On assiste à un retour d’un certain classicisme. Après avoir eu droit à la réhabilitation de gens que l’on croyait oublié pour toujours, citons en vrac Lee Hazlewood ou encore Todd Rundgren, on se rend aussi compte que des gens comme Steely Dan ou Fleetwood Mac bénéficient d’un regain d’intérêt, eux qui étaient considérés comme ringards il n’y a pas si longtemps que ça.
Ajoutons à cela qu’un groupe comme The War On Drugs (dont KV fit partie), qui joue parfois sur une certaine nostalgie d’un Rock pompier et héroïque et qui remplit les salles pouvant accueillir de grosses affluences, on obtient donc la réponse à la question posée plus haut. Ily a tout simplement une demande. Vous pouvez donc ressortir votre canapé signé Finn Juhl, votre lava lamp et votre veste en jeans trucker de chez Levis, c’est ici que l’écoute commence.
Kurt Vile ne se départit pas de ce ton lancinant qui est sa marque de fabrique et qui installe son auditoire dans un espèce de cocon psychédélique vaporeux. Si vous vous attendez à écouter quelque chose de catchy comme il a pu en produire sur l’album B’lieve I’m Going Down, vous en serez pour vos frais. Seul Loading Zones peut prétendre au statut de chanson radiophonique. Le reste est taillé pour la route, comprendre votre route, celle qui vous mène au gré de vos envies ou obligations.
Comme il le chante sur le sommet du disque, Bassackwards, l’humeur se fait vagabonde, l’impression de quelque chose d’inachevé ce fait jour, si tant est que cette chose inachevée a un jour débuté, tant l’impression générale ressemble à une certaine perdition. Avec One Trick Ponies, le troisième single, KV fait du KV comme il le fait depuis Smoke Ring For My Halo, sans surprise mais efficace.
Alors, Bottle It In, c’est quoi en fait ? Un disque champêtre ? Un disque urbain ? Un disque de glandouille sous le soleil ? Un disque de dimanche pluvieux sous la couette ? Un dernier pour la route ? Sans doute un peu de tout cela. C’est ce qui au fond fait sa force.
PS : On retrouve sur ce disque quelques invités de marque, tels Cass McCombs, Mary Lattimore, Kim Gordon ou encore Stella Mozgawa de Warpaint. Mais ils se font tellement discrets qu’on en vient à douter de leurs apparitions.
Kurt Vile, Bottle It In, chez Matador depuis le 12 octobre dans toutes les meilleures boutiques artisanales de vos bleds respectifs.
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