[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#005059″]L[/mks_dropcap]’enfant rouge est le dernier retour aux sources de Franck Venaille disparu le 23 août dernier. Livre qui devient alors testamentaire pour l’un des grands poètes lyriques de notre temps. Le texte prend l’allure d’un monologue intime sur la jeunesse de l’auteur dans un quartier populaire et sur ce qui l’engagera politiquement. C’est aussi l’hommage à un Paris populaire, celui de l’est parisien et principalement de la rue Paul-Bert, épicentre de l’enfance du poète.
Le lyrisme de Franck Venaille n’est pas d’un siècle passé, si ce n’est celui encore contemporain de la fin du XXème siècle. Il développe une écriture vive pour décrire le détail et l’intime. Dans ce dernier livre, il œuvre à perdre le lecteur entre « le moi de onze ans » et celui qui deviendra engagé politiquement. Le narrateur est vite accompagné d’un merle qu’il nomme Arthur : figure symbolique de l’être lucide qui n’ignore pas les désillusions à venir.
L’auteur nous offre un texte intime qui met à jour un rapport au politique exacerbé, comme un grand rêve d’enfant livré à l’injustice. Franck Venaille fut à jamais révolté, nullement résigné à dire le monde dans une langue modelée en grand cri. La mélancolie qui ressort de ce texte n’est pas figée dans une posture, elle a la vitalité de sa sincérité. Franck Venaille restera L’enfant rouge. Refermer ce livre, c’est ouvrir les autres pour laisser libre la parole du poète face au tumulte du temps.