La nuit fantastique au Katorza, c’est la diffusion de 4 films, du soir au petit matin, pour les amateurs de frisson et de bons gros nanars. The Editor, Some Kind Of Hate, We are Monsters, Violent Shit the movie, retour sur cette nuit bizarre et ensanglantée du 3 octobre 2015.
Sur le papier ou sur l’écran, il est écrit que la nuit fantastique commence à 22h30. Cependant, les plus malins arrivent une bonne heure à l’avance afin de s’assurer de bonnes places dans la file d’attente. Les minutes défilent, il y a ceux qui boivent des bières, certains du café et les autres qui préfèrent rester à l’eau. La file d’attente ressemble à une grosse mêlée générale et plusieurs personnes sont rappelées à l’ordre : « On n’ouvrira les portes qu’à une seule condition, messieurs dames, on veut une file d’attente parfaite, deux par deux ! ». On se bouscule, on râle sur le voisin qui gruge dans la queue et puis on attend désespérément le signal pour aller s’asseoir au chaud. Et puis enfin, c’est une horde, c’est un troupeau, que dis-je c’est une mêlée générale qui se précipite à l’intérieur de la salle principale.
Durant la soirée et une partie de la nuit, j’ai pu voir et observer d’un œil aiguisé : un pikachu, une combinaison rose d’un pyjama avec capuche, un t-shirt Kung Fury, des gobelets rouges made in « USA », des bandes-annonces déjantées, des parodies loufoques , des pubs qui sentent bon les années 80, la queue dans les toilettes des filles, des gens sourire devant l’objectif du photographe et arborer fièrement le signe des cornes, la lutte acharnée de ma voisine contre la fatigue. Et puis, j’ai vu aussi 4 O.F.N.I. (Objets Filmiques Non Identifiés) tous aussi tordus les uns que les autres.
Avant le début du premier film et après le discours de présentation de Jean-Maurice, fondateur de l’Absurde Séance, les applaudissements sont accompagnés d’un « A POOOOIL ! ». Puis un cri résonne dans la salle et tout le monde reprend en cœur : « WUUUUUSH ». La légende raconte qu’à la toute première séance de l’histoire de l’Absurde, un homme a éternué comme un barbare à l’assaut de l’ennemi. Le « WUSH », cri de rassemblement est hurlé à chaque séance depuis ce jour-là.
The Editor
C’est le genre de film qui permet de rendre hommage au cinéma et notamment à un genre particulier celui du giallo, qui regroupe le cinéma policier, d’horreur ainsi que l’érotisme. Concernant l’histoire, on suit Rey Ciso, un monteur de film qui a une particularité, il a des doigts en bois. Alors qu’il est en train de monter un film dans les studios, un tueur sadique commence à prendre en chasse l’équipe du film. Rey devient le suspect numéro 1 dans cette affaire que doit résoudre un détective frisé et moustachu. Si l’histoire est bien ficelée, il y a quand même quelques longueurs.
Au bout d’un moment, les spectateurs se lâchent et les rires s’enchaînent grâce à des commentaires bien placés. Devant un accident de voiture au bord d’une falaise, quelqu’un lance : « Ça tombe à pic ! ». Il faut s’accrocher devant ce genre de film car c’est assez barré.
Some Kind Of Hate
Ce n’est pas un film joyeux. Harcèlement, suicide, adolescents mal dans leur peau, vengeance meurtrière, voilà dans quoi le jeune Lincoln va basculer alors qu’il est admis dans un établissement spécialisé pour les jeunes en difficulté émotionnelle. Le film est une accumulation des clichés entre romance adolescente et vengeance éternelle (tu m’as fait du mal, je vais t’en faire aussi).
Heureusement, l’ambiance de la salle remonte le niveau avec des blagues sur les noms des personnages (Sauvez Willy), la cleptomanie (Chipeur, arrête de chiper), ainsi que des jeux de mots bien trouvés (« On va pas en faire tout un foin » alors qu’un personnage se cache derrière une grosse botte de foin). A partir de ce moment là, la fatigue se fait ressentir.
We are Monsters
C’est un spécimen. Une jeune femme est kidnappée et violée par ses assaillants. Elle se retrouve coincée en pleine forêt dans une maison miteuse. Son instinct de survie va déclencher un sentiment de pure folie : la vengeance. Des scènes gratuites de violence, voilà comment on pourrait résumer ce film. Le thème ne donne pas vraiment envie de se plonger corps et âme dans ce genre d’histoire, surtout lorsque l’on ne ressent aucune pitié pour la jeune femme. Navrant et désolant sont les deux mots qui me viennent à l’esprit.
Violent Shit the movie
Dans ce film, la ville de Rome est secouée par plusieurs meurtres. La suspicion grandit de plus en plus sur un détail évident : Karl le Boucher pourrait être de retour. Ce film relève du gros nanar surtout dans les dialogues qui ne veulent rien dire et les scènes à rallonges.
Le public crie un « ON S’EN FOUT !» pendant la conversation des policiers. Lorsqu’un personnage entame un monologue de plusieurs minutes, on entend des « LA FERME !», « A POIL !», « VIREZ-LE !». Bref, une histoire de meurtre, de drogue, de cannibalisme et une partie de jambes en l’air.
Ce qu’il faut retenir de cette nouvelle nuit fantastique (malheureusement moins bonne que la précédente) c’est bien l’ambiance de la salle, chaude comme la braise, les « Jean-Maurice à poil » et les commentaires décalés. Il est 6h30 du mat’, les gens disparaissent dans les rues d’une nuit fraîche de Nantes.
WUUUUSH !
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