[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]es hommes perdus allant là où le vent et le hasard les portent. Dans l’étendu du désert, croisant des villes, ils tuent sans raison et ne font que survivre.
C’est une partie du western que nous propose Colin Winnette et les éditions Denoël.
Deux cent pages glaçantes sous le haut patronage de Cormac McCarthy et de son Méridien de sang.
Ici aussi tout est gratuit. Brooke et Sugar, deux frères, tuent comme ils mangent. Sans y penser.
« Elle était en train de perdre la tête tandis que lui retrouvait peu à peu ses esprits. Les souvenirs s’effaçaient comme ses réflexions sur tout ce qu’il avait fait avant et comment ça l’avait conduit là. Il était de plus en plus dans l’instant présent, simplement. »
Colin Winnette nous raconte l’histoire de ces hommes qui marchent sans savoir vers où. Dans un style plutôt neutre, il se borne à faire défiler les actions, introduisant de nouveaux personnages au fur et à mesure de l’histoire, en abandonnant certains qui semblaient importants.
Pourtant nous ne lâchons pas le livre. L’auteur introduit habilement une énorme surprise dans le premier tiers, qui remet tout en cause.
Puis petit à petit, il nous en dit plus sur ses personnages. Oh, pas beaucoup mais suffisamment pour les rendre un peu…humains.
Enfin, il y a Bird, jeune garçon de l’histoire, apparu un matin auprès des frères Brooke et Sugar. Venu d’on ne sait où, comme un fantôme, il devient une sorte de mascotte pour les deux frères. Mais une mascotte qu’on a le droit de maltraiter !
Difficile d’en dire plus sous peine de gâcher la lecture !
C’est une histoire hallucinée, une sorte de road movie à travers une partie de Etats-Unis à l’état sauvage que donne à lire Colin Winnette.
Parfois, ce roman rappelle un autre Cormac McCarthy : No country for old men par sa violence et sa quête absurde du rien.
Car les personnages de Winnette, effectivement, ne pensent pas beaucoup, ne vivent quasiment pas mais nous les suivons, ébahis, dérangés et fascinés à la fois.
Là où naissent les ombres de Colin Winnette, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sarah Gurcel, éditions Denoël, avril 2016