Il s’agit du dernier roman paru de McCarthy, comme un testament avant de disparaître de la vie littéraire.
Est-ce son roman le plus puissant ? A vous de vous faire votre avis.
Pour ma part, le goût de La Route reste.
Les images du film vu bien après la lecture ne s’imposent pas. Les personnages n’ont pas le visage des acteurs, bien au contraire ils restent blancs, comme l’écriture. Neutres quasiment ou sans visage aucun. L’homme, son fils, sa femme, les gens croisés tout au long du voyage.
Des paysages de désolation d’après la vie. Tout y est mort ou presque.
Seul le feu subsiste. Petite flamme qui danse encore dans les yeux du fils et que le père voit toujours, veut espérer garder et faire grandir en dépit de tout.
Tout est mort ou presque et McCarthy ne s’embarrasse alors pas de style. Phrases courtes. Dialogues se résumant à quelques mots échangés à la va vite, il faut économiser son souffle. Pour continuer d’avancer, toujours.
Dans ces dialogues se trouve la grande beauté du roman.
Rien de plus triste que La Route qui ne mène nulle part. Il reste donc le père, parlant à son fils, le réconfortant, l’exhortant à ne pas céder, à résister au froid, aux doutes, aux peurs, aux autres, à ceux qui n’ont pas le feu mais qui ont faim.
L’homme, face à lui même, à ses doutes, ses croyances et sa survie. Ou non. Et d’ailleurs pourquoi survivre puisqu’il n’y a rien?
Rien?
Si.
Plus rien autour de nous, de vous, plus de paysages, plus de civilisation. Ne subsiste que l’amour.
Certains sont prêts à tout pour continuer, jusqu’au pire. D’autres ne continuent que par amour. Amour conjugal, à peine évoqué, qui n’est plus qu’un souvenir du temps d’avant. Amour filial et amour paternel et justement le roman est dédié par l’auteur à son fils, Francis. Lui montre-t-il la route à suivre en écrivant ce monde qui s’est détruit et comment il faudra lui survivre et surtout pourquoi ? Pourquoi ou pour qui ?
Des routes détruites, explosées et martyrisées, voici la vision de McCarthy et comme le dit la chanson : We’re on a road to nowhere, Come on inside, Takin’ that ride to nowhere, We’ll take that ride.
Prendre cette Route ? Encore faut-il oser.
C’est très bien écrit, Gringo. Bravo.
Je garde un très agréable souvenir de la lecture de La Route, roman majeur de ma maigre expérience de lecteur.
Très beau*
🙂 merci les copains.
la route, bouquin que je garde sur l’île déserte avec le seigneur des porcheries aussi.
et quelques autres dont je parlerai sûrement dans les mois à venir
Oui, grand livre Seb même si je pense qu’on peut en faire une lecture optimiste. Plutôt que la fin d’un monde, le début d’une ère nouvelle. L’absence de paysage, ou plutôt de description détaillée de paysages, ressemble à un nettoyage de nos paysages altérés (tabula rasa plus que dévastation) pour donner la possibilité d’en dessiner de nouveaux, sur de nouvelles bases. Ce livre qui nous habite longtemps encore après l’avoir lu me fait toujours penses à Robinson Crusoë.
comme disait le grand Chris Rea : this is the road… to hell