[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]V[/mks_dropcap]endredi 23 février, sous un beau soleil breton mais par un froid de canard, me voilà en route pour La Route Du Rock, édition Hiver n° 13 , regrettant au passage de ne pas avoir pu me rendre précédemment à l’étape rennaise du festival pour apprécier Lee Ranaldo ou Fennesz, entre autres.
Néanmoins, j’étais bien décidé à profiter de ces 2 jours à La Nouvelle Vague et cette affiche fort alléchante sur le papier .
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap] la bourre comme toujours, affamé comme jamais, à peine arrivé, je me précipitais sur la première d’une longue série de galettes saucisses, le tout arrosé d’une première bière. Tout ça pour vous dire que je ratais donc totalement ou presque la prestation de Bryan’s Magic Tears, jeune groupe parisien, si ce n’est un joli massacre noisy du How Soon Is Now ? des Smiths en conclusion de leur court set. Nombre d’amis témoignèrent de la qualité de leur set, tant pis, ce n’est que partie remise.
J’attendais avec une forte impatience Kelley Stoltz, vieux guerrier de la scène rock indépendante américaine depuis quelques décennies déjà et auteur de quelques sacrés bons disques comme Below The Branches ou Que Aura sorti l’année dernière chez Castle Face.
Passé un excellent Same Pattern en ouverture, au final ce fut une déception, non pas que le concert fut mauvais mais il ne décolla jamais vraiment, ses musiciens font le taf, on passe un agréable moment mais la magie n’est pas là. Kelley Stoltz aura beau enfilé une magnifique veste Or lamé, pour un improbable final très Marvin Gaye à Las Vegas, je restais sur ma faim.
Il était temps de passer aux vedettes du soir, à savoir Girls In Hawaii, qui nous offrit un set carré et propre, tous leurs tubes y passèrent, parfaitement exécutés devant un public clairement venu les voir.
Ils nous rappelèrent que leur histoire avec la Route Du Rock nous ramènent déjà une dizaine d’années en arrière, ils furent ainsi de cette mémorable édition 2004 en compagnie de Blonde Redhead et un déluge phénoménal. Ce soir, ce fut plus calme, tranquille, presque trop tranquille, on aimerait de temps en temps qu’un grain de folie vienne dérégler cette belle machine bien huilée.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]u final , mon premier vrai moment de plaisir fut, cocorico, allez Malherbe !, la prestation toute en énergie et bonne humeur des caennais de Concrete Knives venus présenter leur nouveau disque sorti le jour même chez Vietnam et intitulé Our Hearts.
En parlant de cœur, le notre fut mis à rude épreuve tant la salle de La Nouvelle Vague se transforma en immense centrifugeuse, le groupe assure comme des chefs, les nouveaux morceaux, tels que Bring The Fire ou The Lights marchant déjà aussi bien que leurs petits tubes de Be Your Own King comme Greyhound Racing ou Wallpaper.
Quelques moments plus calmes leur permirent également de démontrer toute la qualité de leurs mélodies entre pop et afrobeat. Concrete Knives furent donc les rois de la soirée et confirment l’excellence de la scène musicale de Caen !
C’est à Park Hotel, sur la foi de quelques singles prometteurs tels que Good People Bad Dreams sorti tout récemment chez Kitsuné, que revenait l’honneur de clôturer cette première soirée. Le jeune duo composé de la magnétique Rebeca Marcos-Rosa et Tim Abbey est rejoint par 4 musiciens pour les soutenir sur scène, le groupe a du talent sans aucun doute, mais la fatigue et l’heure avancée n’aidant pas, votre humble serviteur ne put résister à l’appel de son lit et les abandonna très vite !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ette première journée fut donc quelque peu décevante, heureusement, le samedi remit les choses en bon ordre et nous rappelle combien on aime prendre cette Route Du Rock, deux fois par an !
le samedi, c’est aux Insecure Men que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités et nous présenter leur premier album tout juste sorti chez Fat Possum/Differ-Ant. Insecure Men c’est la rencontre de Saul Adamcsewski (Fat White Family, Moonlandingz) et Ben Romans Hopcraft des encore trop méconnus Childhood.
Sur scène, c’est une drôle de tribu qui débarque, les débuts sont approximatifs, le groupe balance entre coolitude et approximation, entre chaque morceau, on a l’impression qu’ils ont oublié qu’il y a un public en face, mais dès que les choses se mettent en place et la musique commence , le charme agit. Saul est quand même un sacré numéro et les Teenage Toy et I Don’t Wanna Dance With My Baby sont de très chouettes chansons, encore meilleures sur scène que sur un album un peu trop sage.
Le groupe balance entre electro pop et kitsch, convoque Charles Manson et Gary Glitter (excellente version de Mekong Glitter) dans une atmosphère étrange et percutante qui en laissèrent plus d’un perplexe. Pour ma pomme, ce fut un grand moment, qui en annonça d’autres, à commencer par Montero, le groupe australien qui les remplaça sur scène.
Ben Montero et ses drôles de copains viennent de sortir Performer, leur 2ème album chez Chapter Music, le label australien chaud comme la braise en ce moment puisqu’on lui doit également le très attachant Her de Totally Mild, sorti le 23 février.
Looks improbables, le percussionniste mi Père Noel mi Jesus, le Ben en veste en jean type fan de Johnny et pantalon noir orange, quelques blagues obscures, quelques ratés à l’allumage, on s’inquiète un peu, on craint le naufrage puis petit à petit ça monte dans les tours et là, c’est le bonheur.
Le groupe se révèle extrêmement attachant, sorte de Flaming Lips repris par Mac De Marco, le concert finit même en fanfare avec de superbes versions de Vibrations ou Pilot. Et paf, deuxième coup de cœur de la soirée !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]U[/mks_dropcap]ne Route Du Rock sans rock’n’roll déjanté ne serait pas une route du rock, c’est donc, déjà bien chauffés, que nous accueillons Chain & The Gang, soit les belles et la bête.
La bête, c’est Ian Svenonius (The Nation Of Ulysses, Make-Up ou le remarquable Escape-Ism sorti l’année dernière), un jeu de jambes incomparable, des cris de fauve à faire mourir de jalousie Jon Spencer, une communion avec le public assez jouissive, même si le malouin se révéla quelque peu timide.
Les belles sont les filles qui l’entourent et dont le prénom finit tout en A comme il se doit, les filles assurent impassibles et flegmatiques, le Ian fait le reste. Musicalement, c’est du pur garage rock sexy et bordélique comme on aime. Le concert fut parfait de bout en bout, jusqu’à une sortie de scène tout aussi parfaite.
il fallait du lourd pour se remettre de cette explosion, cela tombe bien, c’était autour de la vedette de la soirée voire du week-end de prendre le relais, je veux bien entendu parler de Monsieur Baxter Dury, qui attira à lui tout seul les foules vers le premier rang.
Costume gris, fine cravate, le bonhomme investit avec classe la scène entouré de son groupe tout aussi élégant et enchaîne avec efficacité tous les meilleurs titres de ses derniers albums, ceux de Prince Of Tears en premier lieu. Le groupe se détend peu à peu, la communion avec le public se fait de plus en plus, Baxter tombe la veste, invite ses potes sur scène et nous offre un rappel de feu avec un parfait enchaînement Cocaine Man /Prince Of tears, la fin parfaite ou presque pour cette grande nuit à La Route Du Rock.
Il restait en effet à The Go!Team de clôturer le festival de leur pop jubilatoire, ce fut fait et bien fait !
Après un vendredi un peu faible, le samedi vient confirmer avec brio que La Route Du Rock reste un incontournable, en été comme en hiver !