Lael Neale
Star Eaters Delight
Sub Pop Records 21 avril 2023
Toujours accompagnée de son omnichord, la très talentueuse Lael Neale retrouve son producteur et arrangeur Guy Blakeslee, ainsi que Chris Coady pour donner suite à l’étonnant et merveilleux Acquainted With Night, qui nous avait enchantés à sa sortie en 2021. Son second essai s’intitule Star Eaters Delight et est tout aussi réussi.
Un même label, une équipe identique, jusqu’au packaging de l’album, on pourrait penser que les deux disques se suivent et se ressemblent. Ce n’est pas tout à fait vrai car, si Acquainted With Night a été enregistré dans la fureur et la folie de Los Angeles, lieu de résidence de Lael Neale, entrainant un besoin de repli sur soi et de douceur, Star Eaters Delight est né dans la ferme de ses parents en Virginie. Dans le calme de campagne, Lael Neale s’est fait violence et se permet ici de s’exposer bien plus et se tourner vers l’extérieur.
Les deux disques paraissent ainsi comme le Yin et le Yang d’une artiste à part, à la voix cristalline et au songwriting subtil et intrigant.
Le premier morceau, le génial I Am The River, avec son « bap badda badda dum » entêtant, sa boite à rythme toute simple et son omnichord, donne ainsi à penser à un croisement jubilatoire de Suicide et de twee pop et l’envie de danser comme une choriste de Robert Palmer. Le velvetien Faster Than Medicine est fait du même bois, dur et doux à la fois alors qu’In Verona la pièce maitresse de l’album, du haut de ses 8 minutes, réinvente Romeo et Juliette au beau milieu d’un journal télévisé du 21ème siècle, taquinant superbement une Lana Del Rey, qui aurait croisé Spacemen 3 !
L’album est beau et simple, minimaliste à l’extrême, grâce au superbe travail de Guy Blakeslee, à qui il était demandé de jouer le moins de notes possibles !, en particulier sur les plus douces chansons, comme Return To Me Now ou If I Had No Wings, qui tiennent sur le fil fragile de la voix fabuleuse de Lael Neale. On se croirait parfois chez un Phil Spector fauché (Must Be Tears) ou dans les chutes du Chelsea Girl de Nico (No Holds Barred), Star Eaters Delight est un disque étonnant et passionnant du début à la fin, et ce, jusqu’aux dernières secondes du délicatement dépouillé Lead Me Blind.
Disque indispensable, dont on attend avec impatience la version live, ça tombe bien, Laele Neale sera bientôt en France, à Paris (La Boule Noire) le 17 Mai & à Tourcoing (Le Grand Mix) le 18 Mai.