Il est temps de réparer une anomalie assez inexplicable puisqu’en 10 ans d’existence d’Addict-Culture, nous n’avions que peu évoqué la musique de l’anglaise Laura Marling malgré une discographie tout à fait remarquable, à l’instar de ses récents albums, comme Semper Femina (2017) et Song Of Our Daughter sorti en 2020 et sur laquelle George Jephson, son compagnon et elle-même s’imaginaient parents d’une petite fille.
La réalité a rattrapé la fiction et les voilà père et mère d’une petite fille née début 2023 et à laquelle, ils consacrent un nouvel album, Patterns In Repeat à leur progéniture. Le disque a été enregistré dans la maison londonienne de Laura Marling, le bébé gazouillant à côté d’elle, nous donnant le sentiment de partager quelques superbes instants d’intimité.
Dans une carrière commencée alors qu’elle avait à peine 18 ans avec le déjà impressionnant Alas I Cannot Swim, Laura Marling ne s’est jamais présentée aussi nue et brute que sur ces 11 chansons sans aucune trace de batterie et sur lesquelles violon, guitare et violoncelle se font les plus discrets possible, histoire de ne pas réveiller le petit être qui dort juste à côté.
Bien sûr, on retrouve le talent d’écriture de la native du Hampshire, qui nous avait déjà ébloui sur des albums essentiels comme I Speak Because I Can ou Once I Was An Eagle, avec ses folk songs mélancoliques et poétiques, mais ici, elle se dévoile comme jamais, l’enfant, la maternité mais aussi la vie qui avance, le passé, la généalogie, pleine d’interrogation et d’amour.
Elle reprend ainsi superbement Looking Back, une chanson de son père Charlie Marling, écrite il y a 50 ans comme un passage de témoin, symbole d’une musicienne bercée au son de Paul McCartney, Léonard Cohen ou Joni Mitchell, tout en côtoyant des artistes contemporains comme Noah And The Whale ou Mike Lindslay de Tunng au sein de Lump.
Buck Meek, en vacances de Big Thief, vient faire les chœurs sur le magnifique et émouvant Child Of Mine, en ouverture de ce Patterns In Repeat, qui ne cessera de nous donner des frissons. Patterns met en avant la superbe voix de Laura Marling, une guitare à peine effleurée, des arrangements délicats.
L’émotion est là, toujours présente, les larmes aussi sur Your Girl ou Noone’s Gonna Love You Like I Can, c’est beau tout simplement, on ose à peine respirer devant ces moments d’intimité si joliment partagés. Shadows démontre son talent de guitariste, superbement accompagné par le violon de Rob Moose et le violoncelle de Katt Newlon.
Un joli instrumental Interlude Time Passages sert de relai à une fin de disque tout aussi magistrale, des superbes envolées de Caroline au majestueux morceau titre, sans oublier l’indispensable berceuse, Lullaby, déclinée version instrumentale en conclusion de Patterns In Repeat.
La petite Marling a bien de la chance d’avoir une telle chanteuse pour maman, ses nuits devraient être des plus belles, merci à Laura Marling ne nous les partager !
Laura Marling · Patterns In Repeat
Partisan Records / Chrysalis – 25 octobre 2024