Congo-Brazaville, forêt équatoriale. Manuel, dessinateur, suit le travail des scientifiques auprès des gorilles. En accompagnant la primatologue Clémence, il va se frotter au braconnage et autres contes africains. Tout en dessin aquarellé, « Le Oki d’Odzala » (Bamboo Édition), du nom d’un grand primate blanc, témoigne d’une aventure vécue par A. Dan, l’auteur de la BD.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n 2015, Daniel Alexandre avait réalisé un carnet de voyages sur les deux mois qu’il venait de passer dans le parc national d’Odzala-Kokoua, en pleine jungle équatoriale (« Des gorilles et des hommes », La Boîte à bulles). Photos, croquis et dessins composaient ce témoignage.
Cette fois-ci, avec « Le Oki d’Odzala », l’auteur va plus loin en proposant une fiction inspirée de ce voyage. Il explique ce choix au début de la BD : « Je voulais en faire plus : écrire et manier encore les pinceaux et l’aquarelle, développer une histoire plus personnelle ».
C’est ainsi qu’aux côtés des deux protagonistes principaux (le dessinateur et la scientifique du CNRS), Daniel Alexandre illustre la violence née du trafic d’ivoire et de la viande de brousse sous les traits de Pepito, lequel ira jusqu’à commettre l’irréparable pour satisfaire son appât du gain et sauver son business de braconnier.
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Le jeune Mickey à l’esprit vengeur, le pilote d’avion Gibson, le grand sorcier du village Ndoki Noamé ou bien encore le chef Mathieu et ses hommes figurent parmi les autres personnages pittoresques dont il nous est proposé de suivre les traces. Et à travers la jungle, comme elles se perdent aussi vite qu’elles apparaissent, il vaut mieux être attentif pour ne pas laisser passer sa chance ! Laquelle peut facilement tourner, aidé en cela par les esprits du mauvais sort.
Alternant des séquences d’action avec de pleines pages sans dialogue mais d’une belle intensité, « Le Oki d’Odzala » dépeint une nature à l’état sauvage et la folie des hommes pour la détruire. Le récit se tient, tandis que les couleurs chatoyantes et le trait semi-réaliste lui apportent de l’authenticité.
L’auteur joue parfois sur les contraires pour garantir du rythme à son histoire. Ainsi, la personnalité de Clémence, attachante bien qu’exigeante et mal commode, joue l’opposition avec le caractère plutôt naïf et doux de Manuel. De quoi renforcer les ressorts d’un drame qui se joue parfois à plusieurs niveaux : la poursuite du travail de la scientifique dépend, par exemple, de la découverte de nouveaux résultats sur le légendaire Oki.
Agréable, la lecture de cette bande-dessinée nous plonge dans une chaude ambiance et une atmosphère mystique. Il n’y a donc pas de quoi bouder son plaisir !
Ah au fait, quand vous croiserez le regard du Oki, la meilleure chose à faire sera de baisser les yeux…