Tout de même, ils doivent quand même être bien emmerdés dans leur team de scénaristes, chez Marvel. Alors, ben un méchant recherche un objet spécial qui lui permet d’éradiquer une planète entière. Des milliards de morts à la clé, et seuls le/la/les super-héros de cet opus pourront l’en empêcher. Luttes, explosions, victoire finale, tout ça .
Les Gardiens de la Galaxie est un blockbuster, nul doute là-dessus. La trame générale est éculée, le scénar assez expédié, surtout dans sa première demi-heure où le rythme elliptique renvoie à de mauvais épisodes de séries des années 80. Les méchants sont tellement ridicules que ça semble volontairement parodique, ce que pourrait confirmer la scène finale.
Vu que je n’y connais rien, j’ai pas trop su répondre à mon fils de huit ans quand il me demandait pourquoi les gens normaux étaient pas choqués de voir des E.T partout dans la rue, et pourquoi on disait Terranien et pas terrien, et si on était dans le même 2014 que celui des autres Marvel.
Bientôt, de toute façon, c’est lui qui m’expliquera.
Que reste-t-il à une grosse machine comme celle-là si l’on n’achète pas ses grosses ficelles ? Le reste, à savoir pas mal de choses : la caractérisation des personnages, et surtout le ton. Quand les grands studios s’essaient à la comédie dans leurs blockbusters, la pathétique guette (cf. Transformers). Ici, ça fonctionne, et je le confesse, j’ai ri.
Le principe est aussi élémentaire qu’efficace : le public qui se déplace pour voir des explosions et des destructions en masse a une âme d’enfant pas sage. Cette fois, donc, les personnages vont prendre en charge cet état d’esprit, et jubiler dans le destroy. Un grand nombre de scènes fonctionne sur le modèle de la désactivation par le rire : le fond est attendu (un plan pour s’évader, un ennemi en surnombre), la forme passe par l’annulation et la surprise. Rocket et Groot, réjouis de canarder à tout va, de jouer au crash test ou d’empaler en brochettes leurs adversaires ont quelque chose de jubilatoire parce qu’ils communiquent sans masque le plaisir enfantin de leur audience.
La B.O est calibrée pour les parents, bonne pioche, c’est toujours plaisant de se pencher sur l’épaule de son fils pour lui rappeler que ce qu’on écoute, c’est du Bowie ou Marvin Gaye, et les vannes font souvent mouche.
Le pathos de circonstance est limité. On a certes droit à quelques laïus sur l’amitié et l’importance du groupe, mais là aussi, rapidement écourtés par une vanne qu’on croirait sortie de la bouche des spectateurs qui demandent à ce qu’on zappe ce passage obligé. Malin.
Pari risqué des studios Marvel ? Sûrement pas. Mais un film qui assume son plaisir et sa surenchère, qui procède par amoncellement catastrophiques (l’évasion de la prison, par exemple), s’en sort honorablement dans sa mise en scène (le parcours de la flèche, entre autre) et rend, chose rare, ses personnages, aussi numériques soient-ils, véritablement attachants.
J’aurais pu prendre les rires et le plaisir de mon fils comme alibi, mais soyons honnête : la grande réussite, de ce film, c’est d’avoir réussi à me procurer, souvent, la même jubilation que lui.