[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ans Leur séparation, Sophie Lemp évoque la douleur et l’incompréhension ressentie par la petite fille qu’elle était lors de la séparation de ses parents.
Certes, il n’y a eu ni cris, ni drame… Il y a eu juste ce camion de déménagement, un jour, en bas de l’immeuble de la rue Monge. Il y a eu cette double enfance à assumer, cette honte d’avoir des parents divorcés à une époque où c’était encore incongru, cette faille, cette place à trouver, cette drôle d’impression de trahir l’un quand elle est avec l’autre, cette nouvelle vie à construire, avec des mains d’enfant, une fragilité de petite fille, et des larmes ravalées.
Les émotions, les silences, les cicatrices encore à vif à l’âge adulte, les mots dits et les mots tus, le sont avec délicatesse et une grande pudeur.
L’existence que je mène avec ma mère ne ressemble pas à celle que je mène avec mon père, et aucune des deux ne se rapproche de celle que nous menions tous les trois. Mais sur ce que je comprends prime ce que je ressens : quand je suis bien avec l’un, j’ai l’impression de trahir l’autre.
Sophie Lemp avait déjà évoqué sa grand-mère dans son précédent roman Le fil, c’est avec infiniment d’amour qu’elle y fait référence ici, avec tendresse et nostalgie.
Loin du pathos et du larmoiement qu’auraient pu générer un tel sujet, Sophie Lemp a su faire de sa tristesse d’enfant un récit émouvant et lumineux.
Servi par une écriture tout en rondeur et retenue, Leur séparation est l’un de ces romans qui méritent indéniablement une belle place dans le flot, le flux et le reflux de cette rentrée littéraire.
Un extrait du premier chapitre ici :
Leur séparation de Sophie Lemp
publié aux éditions Allary, Septembre 2017