Daru est instituteur au milieu de nulle part, mais c’est là que tout va se passer. Alors que la guerre débute, que l’on ne sera plus des hommes mais des colons ou des colonisés, on emmène chez Daru, un homme, Mohamed, qui, ayant tué son cousin, doit être jugé donc mourir.
Je préfère écrire ici un résumé concis (ou abscons) car la force du film se dévoile peu à peu par un accommodement du spectateur à ce que propose le réalisateur David Oelhoffen.
Il nous propose déjà une adaptation d’une nouvelle d’Albert Camus, L’Hôte (tirée du recueil L’Exil et le royaume). Connaissant ou non ce texte, on accorde au réalisateur la liberté de l’adapter avec son propre regard, dans un face-à-face d’écrivain à cinéaste.
Il nous propose ensuite une ambiance forte, une relative sobriété stylistique laissant place au paysage qui prend le dessus sur les agissements des hommes, si violents soient-ils. La musique, soulignant finement ce qui se passe entre ces personnages, est réalisée par le duo Nick Cave et Warren Ellis qui nous ont déjà prouvé auparavant leurs capacités à sublimer l’image et l’histoire par leurs musiques.
On fait face aussi au surprenant casting. Viggo Mortensen, dans le rôle de l’instituteur, m’a surpris, et je ne pense pas être le seul. Mais ce choix devient évident, par l’éblouissante interprétation de Mortensen et parce que le film s’est déjà imposé à nous quand aurait pu venir le temps du doute. Reda Kated interprétant Mohamed est peut être un choix plus rassurant, plus proche du rôle, de nos connaissances sur sa biographie personnelle, lui, fils d’un Algérien émigré en France, quoique la palette de l’acteur et le succès qu’il rencontre dans ses autres films ne se résument évidemment pas à ces origines.
Bref, Loin des hommes est un film juste, un film aussi humaniste que l’était Albert Camus, un film qui s’impose à nous dans un style gracieux où la fiction permet de réaliser quels efforts doit accomplir l’Homme face à la violente réalité.