Je ne vais pas m’éterniser sur le sujet mais mon attirance pour les grands espaces au fil des années est devenue un palliatif absolument vital.
Besoin d’oxygène … Enfermé dans une routine claustrophobie, une nécessité alors de retrouver les photos d’une lune de miel sous les latitudes quasi arctiques. Activation du réseau islandais et découverte d’une douce quiétude salvatrice qu’aucun réseau se disant social et culturel n’aura eu l’idée de relayer.
Il me faut donc reprendre mon virtuel bâton de pèlerin afin de vous parler du sublime Low Roar, celui qui prochainement prendra route commune avec son compatriote Asgeir (c’est dire qu’au rayon de l’exotisme glacé on pourra aisément se perdre à jamais).
Un premier frémissement sur le bien nommé Breathe In. Viennent s’y nicher les cordes sensibles des célèbres Amiina … Carte postale sonore qui laisse présager un voyage intense au pays des songes. Alors que la britpop et le rock US agonisent dans une mascarade souvent poseuse et grotesque, les nordiques se révèlent de plus en plus comme de fins sorciers …
Des thérapies auditives contre le conformisme barbant. Tandis que la lave du Bárdarbunga se déverse et que ses nuées font frémir les compagnies aériennes, celui qui nous avez laissé extatique sur le brillant Tonight, Tonight, Tonight (ultime titre de son premier album) est de retour avec 0 … Je ferai impasse sur la symbolique mathématique du titre, mes capacités en la matière étant proche du néant …
Fragilité des nappes qui contaminent une œuvre qui se laisse languir comme aucune autre, les chuchotements qui nous parviennent et nous imprègnent au plus profond de l’âme. Comme un mélodrame qui défile tendrement pour charmer nos oreilles. Ryan Karazija, ex leader du groupe californien Audrye Sessions, venu approfondir ses inspirations du coté de Reykjavik pour des béatitudes qui méritent bien plus qu’une écoute de musique zen dans la salle d’attente d’un naturopathe. Influences ambiantes sans négliger des mélodies minimalistes teintées de mélancolie pourtant habilement élaborées. Les classificateurs atteint tout comme moi de troubles obsessionnels compulsifs parlent de dream pop … Pourquoi pas ?
On navigue parfois sur les rives voisines de Mum ou Beach House et si l’œuvre manque parfois d’un peu de relief c’est que la contemplation est mise en exergue. Il suffit alors de ne pas penser mais simplement ressentir pour comprendre ce qui se passe aux niveaux de nos sens primitifs.
Morceaux choisis devant cette fresque léthargique, alternance entre noirceur nonchalante (I’ll Keep Coming), electronica fantomatique (Anything You Need) et ballades soyeuses (Dreamer)
L’un des meilleurs passeports pour reprendre son envol vers l’île, histoire de fuir la sinistrose ambiante qui nous entoure.
En écoute intégrale sur Spotify et en vente chez tout bon disquaire :