[mks_dropcap style= »l » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#afb9ba »]U[/mks_dropcap]n jeune couple plein d’optimisme est venu tenter l’aventure de la pêche en haute mer dans les îles danoises. Les débuts sont difficiles et, de plus, le couple ne parvient pas à avoir d’enfant. Tout commence vraiment alors en 1902 quand un trois mats américain fait naufrage au large de Skagen, un seul survivant en réchappe, un étranger aux cheveux et aux yeux noirs, il est accueilli par le jeune couple. À l’aube, le marin disparaît sans laisser de traces, et, neuf mois plus tard, un enfant différent des autres naît, les cheveux et les yeux sombres, une originalité dans ces contrés.
Cet enfant va grandir, il s’appelle Anton et va devoir porter sur ses épaules le poids du secret et de la suspicion. On l’a affublé d’un surnom, Tonny, ou « l’américain« pour se moquer de ses étranges origines, nourri par le doute de la véritable paternité. Mais sa réussite en tant que marin pêcheur va faire taire les raconteurs malveillants.
Un siècle plus tard, le petit village de port de pêche a laissé place à une ville où il règne une industrie prospère, éloignée des structures familiales qui s’étaient organisées à l’époque. Un homme dans une voiture conduit de nuit en affrontant les conditions naturelles hostiles à ceux qui ne sont pas habitués à les supporter ; on remarque très vite qu’il n’est pas du coin, mais semble investi d’une cause personnelle qui le dépasse, il veut faire la lumière sur ses origines, car il s’agit d’un descendant direct de la lignée de ce couple installé un siècle plus tôt. Il souhaite faire la lumière sur la véritable identité de son grand père et éclaircir le secret qui pèse depuis quatre générations.
Mais… Toute vérité est-elle bonne à entendre ?
C’est un magnifique roman justement récompensé par le Prix Étonnants-Voyageurs de Saint-Malo en 2009. Le narrateur nous donne à lire une quête et une enquête personnelle passionnante, et nous raconte avec beaucoup de respect l’histoire de ses aïeuls.
La prose de notre narrateur est agréable et amorce des suspenses, ses propres interrogations et ses investigations, mais aussi il décrit surtout avec beaucoup de bienveillance ce couple venu s’installer pour tenter de vivre une aventure humaine, traversée par les doutes, les échecs, les succès. Karsten Lund sait mener son affaire et nous faire ressentir toutes les émotions possibles de son histoire. La vérité que nous apprendrons à la fin du livre est certes le but, et nous tient en haleine jusqu’au bout, mais ce n’est pas l’essentiel, c’est surtout une superbe évocation naturaliste d’une tranche de vie romanesque.
Le marin américain de Karsten Lund, traduction du danois d’Inès Jorgensen – Actes Sud col. Babel, janvier 2011