Mon été Grand Nulle Part.
Mon premier. A Béziers antéMénard. Comme un présage qui annonçait le contentement populaire et l’apocalypse politique.
Mon premier du « Grand chien fou américain », dixit son éditeur français. C’est marqué sur l’exemplaire qu’il m’a dédicacé un soir plus éthylique que littéraire, à Paris, au cinéma Le Panthéon.
Mon premier, que le Dog m’a griffonné, après deux heures de queue et un gros millier de livres griffonnés à un gros millier d’idolâtres. Deux noms épelés sous le titre et un ruban VIH inversé, et noir, sûrement un J, parce qu’il en avait rien à branler de signer à la chaîne, showman qui trouvait des Buzz Meeks à tous les coins de chaises de la grande salle de la FNAC, des Malcolm Considine, des Dudley Smith, des sourires vrais qui s’incarnaient parmi les fantômes qui peuplaient la branche lyonnaise de l’Eglise évangéliste James Ellroy. La gloire.
C’était juste après ma libération. Mon premier. Le Grand Nulle Part. Mon livre éternel. Jamais rien ne me fera autant. Jamais ce n’était arrivé et jamais plus ça n’arrivera. C’était après.
La matraque de Meeks est millimétrique. La vérité est dans les coups de matraque. La vie est fausse. Le livre est vrai. Aux cœurs de ténèbres, je choisis à mon tour d’être fidèle au cauchemar de mon choix.
Le Grand Nulle Part de James Ellroy, traduit de l’Anglais (Etats-Unis) par Freddy Michalski, septembre 1988, Rivages/Noir.
Les ouvrages de François Médéline (La politique du tumulte et les rêves de guerre) sont disponibles à La manufacture de livres
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Merci à François Médéline de nous avoir offert ce texte.
Image bandeau de Mary Ann