En épilogue à son Rêveur, Mark Janssen s’adresse à tous ses lecteurs en donnant le nom de nombreux rêveurs connus (écrivains, peintres, hommes ou femmes politiques) et nous dit ceci :
Un petit garçon et son papa roulent vers leur maison, un soir après l’école. Aron ne répond que parcimonieusement à son père qui du coup insiste. En réalité, Aron est sceptique sur les dires du jour de son enseignante :
Le papa arrête la voiture au milieu de nulle part, d’une nature flamboyante et magnifiquement dessinée et mise en couleurs. En creux, comme sur la couverture, cette nature représentée a commencé à se couvrir de traits blancs formant des animaux connus et réels et d’autres imaginaires. C’est Aron qui les imagine. Car Aron est un rêveur.
Père et fils développent alors une conversation importante pour eux, sur ce que sont les enfants ou les adultes, sur ce que peuvent devenir ces enfants, futurs adultes. Et petit Aron se prend au jeu, voit ses copains et copines de classe comme des PENSEURS OU PENSEUSES, des FAISEURS ou FAISEUSES. Pour chacune des catégories, le papa trouve un côté positif qui rassure l’enfant.
Puis il aborde la catégorie à laquelle il pense que son fils appartient.
Mais Aron est déjà en train de « partir », happé par la nature, par son imagination, par ses rêves. On assiste alors, ébloui, à un déchaînement imaginaire d’Aron (ou de Mark Janssen ?). Doubles pages de nature remplies d’animaux singuliers ou mythologiques, d’animaux croisés entre eux. C’est beau, un peu effrayant, mais les couleurs nous emportent nous aussi dans les rêves d’Aron.
Encore une fois, Mark Janssen nous offre un très beau livre de littérature de jeunesse. Son Rêveur devrait parler à tous les enfants qui se sentent un peu différents, tous ceux qui n’ont pas tout à fait les pieds sur terre et qui savent se laisser aller, artistes en herbe.
Alors bien sûr, on pourrait reprocher à Janssen son côté extrêmement positif, ce message si dégoulinant de bienveillance. Mais on pourrait aussi voir de l’autre face et se dire que certains enfants ont besoin d’être encouragés. Si Aron ne sait pas ce qu’il est, ce qu’il peut faire et que cela l’angoisse, son père lui offre une solution, l’aide et Aron s’envole, s’accepte comme il semble être : un sacré rêveur ! Eux aussi peuvent faire de grandes choses ? Non ?
Rêveur de Mark Janssen
L’école des loisirs
octobre 2022