[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]arlons en toute franchise. Qui dans nos contrées, à part quelques soixante huitards ou érudits zélés et éclairés, se souvient encore aujourd’hui de l’immense Bobbie Gentry ? Les fans hardcore de Joe Dassin qui avait adapté en français son Ode To Billy Joe ? On peut en douter.
Au début des années 80, elle s’est complètement éclipsée de la circulation, nous laissant une poignée d’albums indispensables. Au point que personne, ou presque, ne sait aujourd’hui où elle se trouve réellement.
Peut-on imaginer univers plus éloignés de Bobbie Gentry que Mercury Rev, groupe oeuvrant principalement dans la grandiloquence d’orchestrations parfois à la limite de l’indigeste, du moins à partir de All Is Dream, à tel point que l’on s’est progressivement éloigné d’eux au fur et à mesure que les albums paraissaient ? Sur papier, cette association intriguait.
En effet, l’idée de reprendre presque intégralement (manque le titre Louisiana Man, mais Ode To Billy Joe, chanson titre du premier album, y figure bel et bien) le deuxième album de la chanteuse originaire de Chickasaw County, The Delta Sweete, peut paraître curieuse de prime abord. Il aura suffit de voir apparaître les noms des chanteuses qui allaient donner vie aux chansons pour qu’une lueur d’espoir illumine l’atmosphère. Jonathan Donahue abandonne son micro au profit de quelques artistes ayant eu des parcours qui, souvent, forcent l’admiration. Jugeons plutôt : Norah Jones sur Okolona River Bottom Band, Hope Sandoval pour Big Boss Man, Rachel Goswell sur Reunion, Laetitia Sadier, Vashti Bunyan, Marissa Nadler, Beth Orton… N’en jetez plus, la coupe est pleine.
Et ça marche. ça fonctionne parce que Mercury Rev adopte une trame et n’en dévie pas d’un millimètre, mais aussi parce que le groupe n’en fait pas des tonnes et que toute la tension de l’album repose sur les épaules de toutes ces chanteuses magnifiques. Et enfin, ça tourne parce que, tout simplement, Mercury Rev a retrouvé son chemin. Et ça fait très plaisir, eux que l’on croyait complètement perdus dans le puits sans fond du trou de mémoire.
Alors oui, bien entendu, ce ne sont pas leurs compositions. Oui, il y en aura toujours qui trouveront à redire. Oui, on les attendra au tournant du prochain album original. Mais en attendant, on ne boudera pas notre plaisir.
Pas spectaculaire pour un sou, mais irradiant de beauté.
Mercury Rev, Bobbie Gentry’s The Delta Sweete Revisited
le 08 février chez Bella Union
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