Mount Eerie
Night Palace
P.W. Elverum & Sun
1er Novembre 2024
Qu’il passe le balai (Broom Of Wind) ou tout simplement se balade dans ses contrées boisées du fin fond de l’état de Washington (I Walk), Phil Elverum en fait des moments de poésie et des chansons à nul autre pareil.
Huit ans après la décès de sa compagne Geneviève Castrée, qui a tant marqué ses derniers disques, comme A Crow Looked At Me et Only Now, Mount Eerie nous revient avec un fantastique et gargantuesque album, Night Palace, 80 minutes, 26 morceaux.
Après avoir repris le nom de The Microphones au début de cette décennie, avec The Michrophones in 2020, comme une envie de replonger dans ses débuts et oublier un présent dramatique. Il semble ici reprendre le cour de sa vie, puisant dans ses œuvres passées comme son chef d’œuvre The Glow Pt. 2 jusqu’à Sauna, pour se projeter vers l’avenir, avec effroi et espoir, entre solitude, impermanence et guérison.
Night Palace est un disque qui s’écoute encore et encore, tellement vaste et multiple qu’on s’accroche pour en savourer la profondeur et se plonger dans ses histoires toutes simples qui parle de sa fille, qu’on entend d’ailleurs crier sur le terrifiant Swallowed Alive, de sa maison ou de la nature qui l’entoure tout en dérivant vers un monde cosmique et métaphorique.
Mount Eerie s’affranchit de toutes barrières, abordent tous les styles comme si on avait regroupé sur le même disque Yo La Tengo, Bonnie Prince Billy et Burzum. Ici, il nous offre ici quelques unes de ses plus belles chansons acoustiques, comme Blurred World ou le merveilleux I Spoke With A Fish. Là, il se lance dans des décharges électriques éclatantes, Huge Fire tout en distorsions émouvantes, les phénoménaux Non Metaphorical Decolonization et Co-Owner Of Trees, nous gratifiant avec Writing Poems de la meilleure chanson indie rock entendue depuis très longtemps.
Éclectique et expérimental, effrayant et chaleureux, Night Palace interpelle et fascine, comme un disque venu d’ailleurs. Mount Eerie est capable de nous faire pleurer sur l’ultra dépouillé My Canopy, sauter dans les airs sur le génial Empty paper Towel Roll puis de nous transporter dans un univers parallèle tout le long des 12 minutes de Demolition.
Grand disque d’un grand bonhomme, Night Palace est tout juste indispensable.