Le petit frère de Muette se fait petit Poucet. Poucet contraint, violenté, Poucet humus, chair, fatigue, marche, Poucet livré à la paranoïa paternelle.
Refermer N et se sentir dans une écriture magnifique. Une ambiance que déploie Eric Pessan au fur et à mesure de ses livres, une ambiance d’adolescence égarée, déterminée, perdue ou transie, transie de solitude, de mots-silences-lus (Muette), d’espace, de perte (N), de désir ( Croiser les méduses). Une écriture au service de l’animal fait corps (humain). Une écriture ajustée, sobre et empreinte d’une poésie fantomatique, animale-végetale, osseuse.
Quand Eric Pessan écrit sur Shining (Ôter les masques, d’après Shining de Stephen King, éditions Cécile Defaut, coll. le livre la vie) on saisit la filiation. N en est l’incarnation : paranoïa, cloisonnement, labyrinthes, égarements, quêtes et détours, caches, trous, animal, fuite, fureur, neige …
Un livre qui emplit la lecture d’odeurs, de corps et de matière.
Il faut souligner l’excellent travail des éditions Les Inaperçus, qui ont su créer un rapport texte-image absolument affiné, pertinent qui ajoute à la lecture une immersion totale dans la poésie, la langue, le contexte sans ôter au lecteur sa part d’engagement, d’imaginaire, de création.
« Les photographies de Mikaël Lafontan, qui captent le bruissement de l’immobile et la force du figé, viennent rythmer ce chant du limon où danse un désir d’autre chose, d’une transparence à jamais refusée aux fils. » Claro- Le clavier Cannibale- juin 2012 http://
N | Mikaël Lafontan et Éric Pessan, éditions les Inaperçus, mai 2012