Une écoute d’album, ça débute bien souvent comme ça, on part en terrain inconnu et on épingle, ou pas, certaines tournures musicales, certains mots-clefs… J’avais pour ma part cru comprendre dans une petite phrase choc sensée faire office de bande-annonce que cet opus avait un quelconque rapport avec le monde de Philip K. Dick… La référence semble étrange, tant cet album placide et serein cadre difficilement avec la personnalité perturbée du personnage.
On reconnaîtra néanmoins que le sentiment de volupté qui consiste à s’enfoncer corps et âme dans l’univers science-fictionnesque se confirme bel et bien au fil des écoutes. Impression confortée d’ailleurs par cette magnifique pochette, qui aurait pu si bien s’intégrer à l’univers souvent fort chatoyant des couvertures de la collection SF des « J’ai lu » des 70’s (La collection dirigée par Jacques Sadoul etc… Vous savez, ces livres format de poche aux couvertures illustrées par des gens comme Siudmak, Caza , Druillet…). Assurément, le pouvoir visuel qu’ont certaines pochettes à provoquer de favorables perceptions auditives a toujours eu quelque chose de fascinant.
Sans être un inconditionnel du Psyché Folk un tantinet barré, il faut admettre que les gens d’ Odawas (Indiana) en font du bien bon.
Pour ceux, dont on fait partie, qui aiment à référencer les produits, on pourrait imaginer un Neil Young endossant le rôle d’un flâneur cosmique qui aurait cédé à l’envie d’engendrer avec un Flaming Lips un rien raplapla quelques ambiances musicales sidérales, vaseuses et décalées… On pourrait aussi, avec un peu d’attention, y retrouver ces ébauches de sérénades entêtantes et immobiles, à peine cadencées, comme les faisait si bien Klaus Schulze. Plus flagrantes sans doute sont les similitudes avec le monde de Mercury Rev…
Reflections Of A Pink Laser pourrait être considéré par les plus pragmatiques d’entre nous comme une espèce de pot-pourri de tout ce que le Rock planant à fait de mieux… Ou de pire… Ces dernières décennies, et ce même s’il s’y mêlent, dans un souci louable d’authenticité, certaines longueurs, auparavant si pertinentes, mais hélas si peu en phase par les temps qui courent…Quoiqu’en fin de compte, cette démarche tatillonne et respectueuse honore le groupe.
A la condition d’y mettre une raisonnable dose de disponibilité d’esprit, on y découvre ce qu’on y cherche… C’est utile parfois, pour rendre somptueuses et apaisantes certaines nuits d’insomnie.
J’avoue m’être plongé dans cet album avec beaucoup de plaisir, une fois oubliées toutes ces étiquettes qu’on se sent si souvent obligé de coller aux produits…Privilège assez mesquin d’une certaine maturité cynique.
Je vous laisse juge, en ce qui me concerne, je m’éclipse, histoire de relire tranquille mes vieux Sturgeon, Vance et autres Van Vogt… En écoutant, en boucle et au casque, Reflections Of A Pink Laser…. Tiens au fait, à l’époque, ces lectures se dégustaient accompagnées d’un bon vieux LP de Tangerine Dream en fond sonore… Disons qu’on reste dans le ton.