Frédéric Chopin, une ambiance de fin de siècle, la nuit, un piano, des notes pour un toucher délicat. Viennent discrètement Ólafur Arnalds et Alice Sara Ott … Une appropriation de l’intime. Sollicitation exquise à la délicatesse.
Le projet est audacieux, risqué même car on ne quitte pas les brusqueries heavy metal pour les salons du classique sans une phase transitoire. Le grand écart qui peut surprendre mais qui se laisse appréhender avec curiosité. J’écoute attentivement et forcément me vient le besoin addictif de vous en dire le plus grand bien.
La découverte d’ Ólafur Arnalds via le crépusculaire et sublime And They Have Escaped the Weight of Darkness. L’univers me parle, la pochette et son halo de lumière m’interpelle. Invitation alors à la méditation. En 2013, c’est la beauté glacée de For Now I’m Winter. A cette occasion j’écrivais en catimini que le producteur multi instrumentalise dévoilait « un modernisme inspiré, rempli d’une douce quiétude (…) On imagine alors les flocons de neige qui se posent pour nous protéger des tourments de la vie ». Quelques musiques de films ou séries télévisuelles pour se faire un nom.
Aujourd’hui l’islandais renouvelle son aspiration pour les collaborations. Cette fois-ci, c’est en duo avec Alice Sara Ott, née de père allemand et d’une mère japonaise mais surtout pianiste de renommée internationale. La fusion des univers pour un résultat métissé des plus saisissants.
Comme quoi, il est de bon ton de briser le système ubuesque des castes.
La mélancolie du violon de Mari Samuelsen venant s’ajouter aux compositions pour nous prendre jusqu’au tréfonds de nos cœurs. Cette virée nocturne en mi mineur pour une réminiscence qui donne de sa superbe auréole désenchantée. L’univers du prodige revu et corrigé. On est touché par la grâce de ces lamentations. On songe alors aux racines polonaises du compositeur ayant inspiré cette variation. Les images qui défilent et la gorge qui se noue.
Les mots ici me manquent pour vous faire part de mon ressenti. Pourquoi cette musique me touche à ce point ? Le romantisme dans ce qu’il a de plus parlant, de plus moderne. Un recueil qui alterne entre purisme et pièces retravaillées afin de leur insuffler les couleurs du jour.
Un va et vient qui ne jure pas. Au contraire, une évidente complémentarité magnifiée par le talent des protagonistes en scène. Pas de trahison donc, on est dans l’hommage. N’en déplaise aux conventions académiques, Arnalds & Ott traversent les époques pour notre plus grand plaisir.
Une musique qui s’écoute la nuit alors que le monde s’est endormi. Il ne reste plus que ces sonorités si apaisantes et le souffle pâle d’une bougie qui décline.
Album ici en écoute et disponible chez votre marchand de rêves …
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