[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]« Si tu savais, comme je t’écoute, p’tit gars, ou plutôt comme je vous entends, vous, enfants de Terezin…
Si nous ne dormons pas, c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent…
Ai-je écrit ces mots pour vous ? Vous dont j’ai croisé les beaux visages émaciés à Auschwtiz, vos traits purs lavés de ciel comme empreints d’idéal et de cette rage de vivre qui vous tint debout afin de dire NON au mal !
Poètes libres, vous l’étiez, enfants de Térezin, même si vous le deviez aux forces malignes du monde ! Mais sache, p’tit père, qu’à certains, il aura fallu toute une vie entière avant de le devenir ! ».
Mai 1945 : le camp de Terezin est libéré. C’est dans cette antichambre de la mort, ville factice, image faussée d’une Terre Promise, que vont se croiser, durant quatre semaines, les voix du poète français Robert Desnos et celle de Leo Radek, dernier enfant survivant de cet endroit maudit.
Cela peut sembler totalement incongru de se donner ainsi la parole dans un lieu où elle était close. C’est pourtant ce qui est arrivé aux enfants de Terezin donc on connaît bien peu de choses. C’est là, que par une sorte de « miracle », des enfants arrachés à leur famille ont pu, à leur façon, résister. Grâce aux cours qu’ils recevaient plus ou moins officiellement. Grâce à la musique, grâce au dessin, grâce à la poésie.
Leurs chemins vont se mêler pour n’en faire plus qu’un : celui qui mène à la Liberté, pour laquelle tous deux ont combattu. Leurs histoires et leurs espoirs vont s’enlacer, faisant naître ces touches de lumière improbables dans pareil cloaque.
L’humour, les mots, la poésie, l’art sont alors autant de formes de Résistance. Pour demeurer humains. Pour demeurer en vie. Pour la Liberté.
Robert Desnos mourra à Terezin le 8 juin 1945. En Homme Libre.
Ombre parmi les Ombres, c’est la victoire de la beauté sur la laideur, de la poésie sur la barbarie. Ce sont deux voix qui s’élèvent, pour faire parler celles qui furent contraintes au silence. C’est un splendide hommage au poète Desnos, mais aussi aux enfants oubliés de Terezin.
Ce roman fait un écho poétique au Dormeur éveillé de Gaëlle Nohant, paru il y a un an. On y retrouve les mêmes personnages, évoqués par Desnos, on les entend parler par sa voix, rire par son rire.
La Liberté est sans doute le personnage principal de ce roman. Celle pour laquelle « ils » se sont battus ». Eux, le poète et l’enfant. Et eux, tous les autres.
Ombres parmi les Ombres est un condensé d’émotions, un cocktail savamment dosé d’humour, d’horreur, de larmes et de rires. C’est une cicatrice, qu’aucun de nous ne devait oublier.
La plume d’Ysabelle Lacamp est lumière, elle est flamme d’Espoir. Ce roman est une merveille poétique, un instant de grâce posé sur papier. C’est aussi un cri. Un appel au réveil. C’est une lecture nécessaire, un plaidoyer pour l’Humanité, un roman – vérité, un chef d’œuvre !