[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd1313″]D[/mks_dropcap]e deux choses l’une : n’allez pas croire que j’ai des actions ou qu’Addict a passé un deal avec Svart, c’est absolument indépendant de ma volonté s’ils sortent de bons disques en ce moment. Ensuite, comme je l’ai déjà dit ici, la volonté du label de vouloir élargir leur palette musicale à d’autres styles que le Métal est tout à leur honneur. Rappelez vous : il y a quelques mois, j’évoquais en ces lieux le nouvel album de Talmud Beach, excellent disque de blues/pop barré jouissif ou encore la country dépressive de Mikko Joensuu.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd1313″]C[/mks_dropcap]es jours-ci, Svart sort 1, 2, 3, premier album de Teksti TV 666. Vous me direz, avec un blase pareil et connaissant les accointances du label, les gars ne peuvent faire que du Speed ou du Trash Metal. Et si vous ajoutez à cela un titre éloquent, se référençant au speed, vous aurez tout lieu de classer l’affaire et passer direct à autre chose.
Autant le dire sans détours : vous auriez tort. Déjà, commençons par lever le voile sur quelques fausses vérités : 1, 2, 3 ne fait en aucun cas référence au Speed ou quoique ce soit d’autre mais au fait que ce premier « album » soit une compilation réunissant les trois premiers Eps sortis par le groupe sur 2 ans. Et secundo, ce n’est pas parce qu’il y a 666 dans le nom du groupe, qu’ils sont sept dont cinq guitaristes, qu’ils se doivent de faire du Metal. La preuve, c’est qu’ici, le Shoegaze est à l’honneur et ce à grand coup de Fuzz et de distorsions.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd1313″]U[/mks_dropcap]ne fois cela posé, passons aux choses sérieuses : 1, 2, 3 est une compile qui, à l’instar du Resort de Tuff Love, vaut bien des albums de revival shoegaze. Qu’y entend-on ? Du My Bloody Valentine pop sous speed, du Kraut, du rock survitaminé biberonné aux Pixies, des chœurs pop, du garage sous champignons, du Jesus And Mary Chain de retour en forme et même du Post-Punk enjoué. Rien que ça. Vous me direz, n’importe qui maîtrisant ses instruments peut mélanger n’importe quoi, faire un grand raout et en sortir une mixture infâme. Certes. Mais, vous vous en doutez, ici ce n’est pas le cas : les gars possèdent une science de l’accélération/décélération parfaitement maîtrisée (Lisää Spiidii), savent pondre des mélodies entêtantes avec quelques gimmicks sympas. Comme pas mal de musiciens serait-on tenté de dire.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd1313″]C[/mks_dropcap]e qui caractérise ce disque, le sort du lot, c’est que tout ça est joué pied au plancher, de façon irréfléchie, débordant d’énergie ; les mélodies sortent en flot continu, avec une fluidité désarçonnante. Chez les Finlandais, tout coule de source, il ne semble pas y avoir de place pour la pose, ni la réflexion à deux balles : on est là pour jouer de la musique, à l’occasion foutre le bordel mais en évitant de se prendre la tête.
Le groupe utilise tous les codes du Shoegaze, de la Noise, ne réinvente pas la poudre mais sait comment s’en servir, et en particulier sur les instrumentaux, moments les plus passionnants car laissant libre court à leur imagination. C’est dans ces moments là qu’explosent leurs différentes influences : bien sur, on y retrouve tout ce qui a été évoqué précédemment mais en grattant bien on y découvre aussi des traces de Métal et, étonnamment, des influences J Pop (probablement lié au fait que les Finlandais chantent dans leur langue natale).
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#dd1313″]C[/mks_dropcap]ependant, parce qu’il faut bien modérer les propos, tout n’est pas non plus formidable dans ce disque : certains refrains sont à la limite de l’audible et avouons le, malgré les accélérations/décélérations évoquées précédemment, l’ensemble finit par être très linéaire virant parfois à la formule. Néanmoins, et pour relativiser les critiques émises, il faut se rappeler une chose : 1, 2, 3 est une compilation, donc non pensée comme un tout. Et puis, malgré ses défauts, 1, 2, 3 dégage une telle fraîcheur, vous colle une telle banane sur la face qu’on ne peut qu’être confiant quant à la qualité prochaine de leur véritable premier album.
Sortie le 07 octobre en cd/2Lp chez Svart Records et disponible chez tous les disquaires équipés de réfrigérateur en bon état de fonctionnement de France et d’ailleurs.