[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es clones, les hologrammes et les drones ont envahi les espaces privés et publics de la capitale. On ne se déplace plus, ou presque, qu’en cabine de téléportation. Le métro et l’Eurostar ont été relégués au rang de reliques pour les nostalgiques et autres laissés-pour-compte.
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Bienvenue dans Paris 2119 (Rue de Sèvres), un univers habité par la pluie dont les gens aiment s’échapper en se créant une « subject-life » dans leur chambre. Avec cette bande-dessinée d’anticipation très réussie, Zep et Bertail signent un ouvrage au graphisme soigné, influencé par Moebius et Bilal.
La ville a ceci de magique qu’on peut la dessiner avec ces aspects bruts vieillissants et lui donner un caractère quasi médiéval l’instant d’après. De quartier en quartier, elle se transforme et constitue un théâtre architectural rêvé. Dominique Bertail (Ghost Money – Dargaud) ne s’y est pas trompé qui, au travers de grandes et magnifiques cases entièrement dédiées au dessin, nous offre sa vision d’un Paris quelque peu abandonné mais abonné aux technologies les plus modernes.
On y prend par exemple le Transcore, du nom de la société ayant inventé un procédé de téléportation permettant, par exemple, à la séduisante Kloé de faire un aller-retour au Japon dans la journée. Accessoirement, cette belle époque numérique permet aussi de disposer d’une identité virtuelle, de « cuisiner » un œuf à la coque avec mouillettes en claquant des doigts et de scanner votre mémoire en à peine 17 nanosecondes.
Au milieu de cette humanité censée faciliter la vie, où des clones manient l’usurpation d’entité aussi souvent qu’on change aujourd’hui de téléphone portable, le compagnon de Kloé dénommé Tristan, fait figure de résistant.
Nostalgique du 20e siècle, de visioconférences et de cours en présentiel, le jeune homme va être témoin d’une scène qu’il n’aurait pas dû voir : une femme sortant d’une télécabine meurt devant ses yeux, avant de se faire désintégrer par une équipe de choc. Malgré les menaces, Tristan ne peut se résoudre à oublier l’événement. Alors il va chercher, jusqu’à mettre en exergue les méfaits de cette société futuriste.
Deux refuges possibles pour lui : l’amour bien sûr, l’amour toujours, bien que menacé… Et aussi ces grands arbres élégants que sont les saules, dont le réseau s’avère plus puissant que n’importe quel autre et protège notre héros des dangers du big data (théorie déjà éprouvée par Zep dans The End, dont nous avions parlé ici, qui met en scène des arbres possédant une conscience et conversant entre eux).
Fluide, agréable à lire, doté d’une belle couverture esthétisante et brillante, Paris 2119 convie à une expérience de lecture originale mais pas complètement barrée.
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En rendant ainsi les choses plausibles, les auteurs nous projettent de fait dans ce qui pourrait ressembler à la vie des générations futures.
Pour le moins flippant !