Aux heures profondes de nos nuits, là où chaque frémissement décuple le ressenti des souffles suspendus, la multi-instrumentaliste Park Jiha se fait écho de l’imperceptible… du cheminement pudique et cyclique de nos propres existences.
Sans un mot mais avec une force émotionnelle prodigieuse, l’artiste aborde chaque vibration employée avec magie au gré d’une transmutation de la musique traditionnelle coréenne en une maitrise singulière et moderne de l’art.
L’âme de ses instruments s’expose alors concrètement dans un murmure au besoin d’une alternative à notre nécessité viscérale de lâcher prise.
Une fois encore, à travers un excellent quatrième album intitulé All Living Things, les sons de ses instruments ancestraux s’enlacent comme jamais (Piri, Saenghwang, Yanggeum, Flute, Glockenspiel). L’ensemble s’articule au profit d’une procession qui semble figée dans le temps bien que figurant paradoxalement en perpétuel mouvement.
En ouverture du recueil, First Buds véhicule de sa légèreté sensorielle un paquet de remous…, de tintements discrets à une progression vers une enveloppe plus charnelle, sans oublier quelques textures électroniques savamment soupesées.
A la suite, Grounding se présente aux auditeurs charmés à la grâce d’une résonance bienvenue. Une pièce qui nous téléporte dans une autre dimension. J’avoue avoir trop peu de qualificatifs en stock pour vous décrire suffisamment la puissance qui m’anime à l’écoute de cette pure merveille. Les larmes qui embuent mes yeux en témoignent suffisamment pour vous convaincre. Succombez alors à la féérie de Bloom qui décoche sa lumière diaphane tout en suscitant le frisson de plus.
Park Jiha ne se cantonne pas à l’interprétation de sa propre inspiration, elle incarne véritablement le désir qui en découle. Les notes viennent alors se mouvoir au cœur d’une révélation mystique, apaisée bien que terriblement mélancolique.
« Dans mon précédent album, j’ai utilisé diverses techniques pour produire des sons inhabituels mais toujours naturels à partir de ces instruments », explique-t-elle. « Avec ce nouvel album, j’ai gardé un son naturel et j’ai travaillé avec divers éléments électroniques pour rendre les compositions plus complètes et plus immersives. »
Park Jiha explore sa vision personnelle du monde, hypersensible, pour un plaisir infini. Au pays des matins calmes, la quiétude demeure. The Gleam, sorti il y a quatre ans, m’avait subjugué. De manière plus intense, All Living Things m’a littéralement bouleversé par sa fragile et introspective beauté.
Crédit photo : Teo Josserand

Park Jiha · All Living Things
tak:til / Glitterbeat / Modulor– 14 Février 2025