[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#81d742″]L[/mks_dropcap]es éditions Supernova font paraître le dernier recueil de Nicolas Richard. Peloton est plus une partition qu’un véritable recueil de poésie. Ce poète performeur use de la langue pour la secouer durant des performances ou dans des enregistrements. Son travail se situe entre la poésie sonore et le théâtre. Il a cofondé la compagnie et le collectif d’auteurs Lumière d’Août. Cet entremêlement de poésie et de théâtre a toujours été très présent chez beaucoup de poètes contemporains. Nicolas Richard en fait partie et prouve que l’écriture peut se révéler très vivante, loin des clichés du poète maudit reclus dans sa mansarde. La poésie est en constante évolution.
Cette partition de textes est donc à lire différemment d’un recueil de poésie classique. Il est préférable de le lire à voix haute pour mieux le comprendre. La découverte du livre faite à voix haute sera remplie de surprise, de rires et de réflexions sur le sens. Chaque texte est comme un petit être formant ce Peloton. On a l’impression que le narrateur ou Nicolas Richard lui-même fait mine de vouloir rentrer dans la masse, s’accommoder du commun. Mais comme dit le premier texte « un auteur, c’est triste », donc un peu à part. Puis vient cette remarque « Comment tu veux qu’on t’écoute si t’élocute comme ça », répétée plusieurs fois. Il est bien difficile de faire partie du peloton qui avance et qui s’uniformise quand on fait vivre la langue.
Bien entendu, on n’est pas dupe de l’ironie mordante de Nicolas Richard. Les rires interrompent souvent la lecture. Le poète écrit sur le quotidien, l’alimentation et affirme cette fausse naïveté. Il arrive même à provoquer une tension très forte sans expliciter les faits. Dans « Sortir de la spirale », une colère n’est décrite que par des bribes de paroles. Elles n’expliquent rien sur le fond de l’affaire. On ne saura jamais ce qui provoque cet énervement qui tourne en rond.
Les textes de Nicolas Richard ont en eux la recette pour les rendre vivants. Tout l’intérêt de Peloton réside en l’envie grandissante du lecteur de voir les mots se concrétiser, approcher le réel et dépasser la barrière de la page.