Cela semblait tellement évident qu’un jour ou l’autre on tiendrait entre les mains un album solo du natif du Devon devenu londonien, James Hoare, qu’on n’est guère surpris d’accueillir avec joie Backwater Collage. Certes, il se cache étonnamment sous le nom de scène de Penny Arcade, mais c’est bien lui qui vient confirmer son immense talent sur les 11 titres qui composent ce premier disque.
Depuis ses débuts avec Your Twenties jusqu’aux merveilleux Proper Ornaments, le chanteur et guitariste a toujours trouvé le parfait équilibre entre forte personnalité et sens du collectif, redonnant de belles couleurs à l’indie-pop anglaise depuis les années 2010. Parfois l’aventure en groupe se termine mal, surtout quand elle intègre des gens tout aussi doués comme Jack Cooper au sein d’Ultimate Painting ou Patience et Patrick Doyle au sein des éphémères mais inoubliables Veronica Falls.
Le voilà donc enfin seul maitre à bord pour nous présenter ses chansons composées sur ses terres natales, entre mer et campagne, mais sans oublier son passé en groupe et son sens de la famille, puisque Nathalia Bruno et Max Claps (TOY), avec qui il joue au sein de Proper Ornaments viennent prêter voix et synthés sur quelques morceaux de Backwater Collage. On en profite d’ailleurs pour se souvenir que le duo avait sorti une merveille de disque l’année dernière, Dragging The Needlework For The Kids At Uphole, au sein d’Index For Working Musik.
Mais revenons à Penny Arcade, tant le bonhomme mérite tous les éloges sur ce premier album juste parfait, bien dans la lignée indie pop psychédélique, dans laquelle il excelle depuis une dizaine d’années, trouvant le parfait équilibre entre des racines musicales anglaises parfaitement digérées et des envies d’espace vers la lointaine Amérique, histoire d’élargir l’horizon et d’apporter un peu de soleil au dessus du crachin local.
C’est un univers de délicatesse et de finesse qui s’offre à nous dès l’intro du sublime Jona, la guitare est d’une fascinante discrétion, James Hoare chante d’une douce et mélancolique voix parfaitement accompagnée par la toute aussi exquise Nathalia Bruno, tout aussi émouvante sur Don’t Cry No Tears. Ici, aucune esbroufe, mais des mélodies cristallines et dépouillées subtilement orchestrées et interprétées, oscillant entre coolitude et mélancolie comme sur Want You Around ou Dear John, magnifiques morceaux aux charmes envoutants.
Quelques instrumentaux comme Prodigal Son ou Garage Instrumental viennent démontrer le talent de guitariste de James Hoare mais aussi son sens du rythme et de l’expérimentation. Il sait aussi se faire sombre et reptilien, à la BJM sur le moite When The Feeling Is Gone, le velvetien Black Cloud ou le psychédélique Mr. Softie ou plus léger et lumineux, Dennis ou le planant morceau final One More en tête.
One More, oui, encore une fois, James Hoare réussit son coup, cette fois-ci en solo, Penny Arcade est bien né et Backwater Collage en est une parfaite illustration.
Penny Arcade · Backwater Collage