Encore un livre dont on a beaucoup parlé lors de la rentrée littéraire (souvenez-vous de James Salter…) mais cette fois à raison.
Le fils est un très bon livre mais peut-être pas tout à fait le grand livre que les médias et la maison d’édition nous vendent.
Si on gardait l’adjectif grand pour le qualifier ça sera d’abord pour sa longueur déjà. Une somme. Quasiment 700 pages, ça occupe.
Grand par la durée des années traitées, de 1800 aux années 70. Du western au Flower Power. L’histoire d’une famille sur 150 ans, de la conquête et du massacre des indiens jusqu’à la crise pétrolière.
Il y a du souffle chez Philipp Meyer. Ça parait presque normal vu le sujet. Là où le livre devient intéressant, c’est dans sa construction. L’auteur ne s’attache pas à toute la famille (beaucoup n’apparaissent pas du tout), il choisit 3 protagonistes (puis un quatrième à la toute fin) qu’on suit et qui racontent leur histoire et celle des leurs. Ainsi apprend-t-on la vie de chacun à travers eux. Point de vue subjectif, querelles, désamours, haine. Famille, je vous hais!
Ce découpage en chapitre par différents personnages est extrêmement cinématographique, de même que la violence sourde qui habite ce roman.
Meyer suit les traces de Cormac McCarthy et de son « Méridien de sang » à ce niveau là. Surtout dans la partie consacrée aux rangers du Texas et aux indiens. Scènes de guerilla, de poursuite et de tortures infligées aux américains par les indiens. Il s’agit de bien respirer en lisant cela.
Très bon livre donc mais pas grand livre. Pourquoi ?
Malgré le souffle et l’ambition historique de Meyer met dans son roman, il manque du lien entre les personnages. Souvent on se demande ce que sont ces frères, ces sœurs dont l’existence est pourtant écrite dans un arbre généalogique au début mais qui sont à peine évoqués. Ils existent pourtant, les narrateurs les évoquent parfois mais si peu.
Alors bien sûr, si Meyer avait voulu aller plus loin, le roman aurait fait 1000 pages ou plus. Et pourquoi pas ! Dommage de sortir de ces 700 pages avec un goût d’inachevé tout de même.