[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#B22C2B »]P[/mks_dropcap]J Harvey est une icône. Certes, le terme est très galvaudé. Peu importe. Chaque nouvelle sortie discographique de l’Anglaise est en soi un petit évènement dans le petit monde du Rock, et ce n’est pas ce The Hope Six Demolition Project qui viendra contredire cet état de fait.
Depuis le début de sa carrière, Polly Jean Harvey n’a eu de cesse de se réinventer, chaque album proposant quelque chose de différent, oscillant entre le rock très brut, la crooner féminine, la femme fatale ou l’apparition diaphane. Et pour la première fois de sa carrière, elle ne l’a pas fait. Cet album marche sur les mêmes pas que le précédent, pouvant être considéré comme le frère jumeau, sans doute plus dizygote que monozygote, de Let England Shake. Du moins, c’est ce que les premières écoutes laissent entrevoir.
En profondeur, c’est tout de même légèrement plus subtil. Là où Let England Shake proposait des chansons inspirées mais somme toute calibrées, The Hope Six Demolition Project offre parfois plus de distorsion et de déstructuration, notamment là où le saxophone se fait majoritaire, apportant une profondeur de champ assez importante, même si parfois claustrophobique, comme sur le formidable Medicinals. On se permettra, par contre, d’être un peu plus circonspect sur l’apport de Linton Kwesi Johnson sur ce qui apparait comme étant le titre le plus sec du disque, The Ministry Of Defence. Le premier single, The Wheel, s’il semblait peu convainquant lors de sa lancée sur le net, prend en définitive une place importante dans la globalité de l’ouvrage.
Sur le fond, cet album écrit entre deux voyages au Kosovo et en Afghanistan aborde des thèmes sociaux difficiles, dus à la violence effroyable qu’ont subi les populations locales. Le titre, The Hope Six Demolition Project, fait aussi référence au projet Hope VI Housing, programme très controversé d’aménagement de territoires urbains aux Etats-Unis ayant pour but de déconcentrer la pauvreté. Un combat introspectif pour la musicienne qui nous avait déjà fait le coup 5 ans auparavant.
Sur la forme, musicalement, l’album convainc la plupart du temps, mais comporte aussi parfois des moments plus faibles ou, tout du moins, plus quelconques (Near The Memorials To Vietnam And Lincoln, Dollar Dollar).
The Hope Six Demolition Project est un bon disque, solide, à qui il manque juste un peu d’originalité pour égaler son prédécesseur. Un disque un peu difficile aussi, qui demande une immersion plus importante afin de pouvoir en saisir toutes les nuances.
Album mineur ? Seul l’avenir nous le dira. Appréciable, certainement.
PJ Harvey, The Hope Six Demolition Project, depuis le 15 Avril chez Island.
Facebook – Site Officiel – Twitter