[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a revue MUSCLE n’est pas un magazine que l’on pourrait trouver dans les maisons de la presse, qui aborderait le thème de la musculation, réservé aux adeptes de la testostérone à outrance. Il ne s’agit pas de ça. Ici, dans la revue dirigée par Arno Calleja et Laura Vazquez, nous avons un aperçu de la poésie contemporaine. Ce n’est pas une revue de poésie qui ressemble aux nombreuses revues poétiques existantes.
Depuis le premier numéro paru en septembre 2014 , ce petit fascicule fait main, présente à chaque fois deux textes inédits écrits par deux poètes. Le choix de ceux-ci ne se limite pas à l’hexagone ni aux poètes déjà bien établis dans le paysage de la poésie contemporaine. Bref, la Revue MUSCLE démontre une curiosité et est elle-même un curieux objet. Nous avons posé quelques questions à Arno Calleja pour en savoir plus.
Vous avez inauguré, pour la toute première revue MUSCLE, les duos qui se forment à chaque numéro. D’où est venue cette envie de créer cette revue et d’y publier d’autres poètes, montrant une palette très variée de la poésie contemporaine, un peu comme les couleurs changeantes des différents numéros ?
Une envie de montrer ce que l’on aime, ce qui nous enrichit quand on écrit soi-même ?
Arno Calleja: L’envie première était de faire quelque chose avec nos mains : imprimer, plier, envelopper etc. L’envie seconde était de s’adresser aux auteurs qu’on aime et qu’on lit, leur demander un texte. Je dirais que c’était ça les deux envies initiales.
Avant de s’intéresser à cette envie de ‘faire quelque chose avec [vos] mains » je souhaiterais savoir comment vous choisissez les couples qui se forment à chaque numéro de la revue MUSCLE ?
Pourquoi avoir fait le choix de ne retenir que deux auteurs par numéro ?
AC: Pour organiser les couples d’auteurs, nous n’avons aucune méthode : nous mettons les textes à côté, nous regardons, on voit assez vite si ça produit quelque chose ou pas. Parfois, c’est le mot d’un texte qui passe dans l’autre texte, par exemple dans MUSCLE 2 où le mot Serbe du texte d’Adely donnait le Serge du texte de Brea. Mais on ne s’en est rendu compte qu’après, une fois que le numéro était plié.
Dans ce qui vous dites, il y a quelque chose de très lié au corps, entre ce « geste de rapprocher » et votre envie de faire quelque chose avec vos mains. On pense évidemment au nom de la revue : MUSCLE.
Pour vous, quel rapport apparaît, entre le corps et le travail d’écriture dans les textes publiés dans la revue et même au delà, dans ceux d’autres poètes ?
AC: Plutôt que de vouloir énoncer ce qu’il en est du corps dans l’écriture, MUSCLE, il me semble, s’intéresserait plutôt à rendre sensible et expressive l’aventure vivante de la pensée écrite. Les textes publiés par la revue sont tous traversés par le goût et la nécessité de cette aventure.
Le corps est devenu une telle évidence, horizon indépassable de notre non-époque, qu’il en est presque transparent, palpé et retourné de toute part. Il faudrait le ré-opacifier, le redensifier le re-gonfler. La pompe c’est la pensée. L’écriture sert à ça, j’imagine, à penser, et aussi à, comme disait l’autre, ce corps, le faire danser.
Par rapport à la revue, quels auteurs ou courants de la poésie se rattachent à l’esprit de MUSCLE ?
AC: Plutôt qu’à des courants, nous nous attachons à des poétiques toujours un peu joueuses et donc toujours un peu hybrides. Il y a un lyrisme chez Manon, une »blancheur » chez Pernet, une sorte de formalisme chez Adely, un faux hermétisme et une vraie pensée en acte chez Cholodenko, etc. Le terrain est vaste à arpenter et les parcelles se repèrent mal.
Mais, comme dans MUSCLE le texte/poème est hyper court, c’est vrai, on y trouvera plutôt des écritures travaillant l’attaque, la frontalité, le fragment, le récit, mais très vite mené à son point de rupture.
La revue MUSCLE vient de publier son dixième numéro avec comme duo d’auteurs Jean Luc Parant et Jason Heroux. Il est disponible sur leur site. Merci à Arno Calleja pour l’interview ainsi qu’à Laura Vazquez. Voici quelques liens pour suivre la revue sur la toile.
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