[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]- D[/mks_dropcap]is donc le mayennais, je vais te charger d’une mission.
– ???
– Tu vas assumer tes actes, leurs conséquences et aller te faire pardonner ce jour.
– ………. ?
– Oui, tu vas aller au 6par4, rencontrer mes copines nantaises de Mansfield. TYA et leur présenter tes excuses pour les propos diffamatoires que tu as proféré à leur encontre.
– Mais cheffe, pourquoi moi ? vous y êtes allée il y a quelques semaines, BeachBoy y est allé aussi deux jours avant moi. Alors pourquoi dois-je faire le report d’un concert où je vais me faire lyncher par les deux membres du groupe ?
– Parce qu’il en est ainsi. Et tiens, tu prendras ça aussi. Et tu vas avoir intérêt à l’utiliser parce qu’on ne m’appelle pas l’oeil de moscou pour rien et que si tu ne l’as pas fait je le saurai et mon courroux sera impitoyable !!
Ce jour, le 07 novembre, direction le 6par4 pour une séance d’humiliation programmée avec Mansfield. TYA et Ropoporose. J’arrive avec mon bonnet d’âne sur lequel est écrit en rouge sang sur fond blanc : je ne dirais plus de mal de Mansfield. TYA, jamais. Et me dis qu’on ne m’y reprendra plus jamais. Que toutes ces conneries ne sont plus pour moi, que… mais que voulez-vous, louper Mansfield. TYA, c’était pour moi juste inconcevable.
Conneries mises à part, pour l’affiche de ce soir, il n’y aura pas plus de quatre personnes sur la scène du 6par4. Et un peu plus devant, rassurez-vous.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]H[/mks_dropcap]onneur donc à Ropoporose, duo fraternel Vendômois, pour lequel j’aurais aimé faire une courte revue afin de développer un peu plus Mansfield. TYA. J’aurais pu écrire à leur sujet : « le duo Vendômois est parvenu à chauffer la salle avec leur pop/rock inoffensive et plutôt agréable. Les spectateurs ont passé un agréable moment avant de suivre, extatique, le concert de Mansfield Tya. ». C’était malheureusement l’option qui semblait se profiler avec les deux premiers morceaux pendant lesquels le duo (Pauline au chant, à la guitare, au bandonéon, à la batterie… et Romain à la batterie, la guitare presque approximative et au chant) se cherche un peu et prend ses marques. Les chansons semblent avoir la même structure, gentiment Velvetienne sur les débuts puis un peu plus rock ensuite; Pauline, du haut de ses quinze ans, manque d’assurance dans son chant.
Bref, ça va être gentil mais un peu chiant. Sauf que, dès le troisième morceau, il n’est plus question de ça. Du tout. Le concert prend une autre tournure, le duo se libère, prend de l’assurance et le set devient alors intense. Notamment à partir d’Elephant Love, après un changement de corde inopiné, le concert décolle pour ne plus retomber, la folie s’installe pour de bon et ne quitte plus la salle. Le duo déploie alors toutes ses influences allant des Cure à Blonde Redhead, de Boris (quand le groupe japonais met de côté l’émo pour privilégier la face obscure et tendue de leur musique), à Slint en passant par le Velvet donc. Tout Elephant Love, leur premier album, y passe, quelques morceaux du Ep Birdbus également. Ropoporose prouve en une cinquantaine de minutes qu’il sait tout faire : manier calme et furie, se jouer du public avec malice, improviser des blagues de merde, utiliser certains contre-temps à leur avantage (l’accordage de guitare entre autre sera le fil conducteur et l’élément de détente du groupe). Le set se termine avec un 40 Slates pendant lequel on découvre que Pauline maîtrise tous les instruments mis à sa disposition de façon impressionnante. Ceci prouvant que son talent semble être inversement proportionnel à sa taille. Bref, excellente surprise pour ma part.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]U[/mks_dropcap]n petit quart d’heure après, c’est au tour des Nantaises d’occuper la scène. Le duo arrive dans le noir, tout de noir vêtu, droit comme des « i », martial, se tenant comme des statues devant ce qui semble être des tom bass. Sur scène, deux tom bass donc, deux séquenceurs, deux violons, une guitare et un ordinateur. Et deux filles. L’une chante, s’occupe des séquenceurs, tâte un peu du violon, joue avec parcimonie de la guitare, l’autre chante également, maîtrise le violon parfaitement mais moins la quinte de toux (j’en reparlerai plus tard). Julia, look androgyne façon Brigitte Fontaine des Nougats, impressionne ; Carla également mais pas pour les mêmes raisons (plus d’ordre musical). Le concert débute par un instrumental issu de Nyx, du moins me semble-t-il, puis enchaîne sur La Fin Des Temps. La suite les verra empoigner leurs violons respectifs, l’une le maîtrisant parfaitement, l’autre s’en servant de rythmique, avouant ne pas avoir les compétences pour en jouer mieux et développer le répertoire intimiste du groupe. Ce seront donc Loup Noir, Jamais Jamais, Le Dictionnaire Larousse (qui se fera relifter de façon étonnante), Des Coups Des Coeurs, plus que Bleu Lagon qui seront à l’honneur. Le groupe se fendra même d’une étonnante reprise de Niagara faisant dire à Julia qu’elle se sent l’âme d’une diva après avoir chanté ce titre. Et que c’est plutôt cool.
Car, il faut tout de même le dire, les filles sont loin, très loin de l’image qu’elles peuvent laisser avec l’entité Mansfield. TYA. La musique est sérieuse, très référencée comme nous l’expliquions avec ma cheffe sur notre indispensable chronique mais sur scène, le sérieux est une notion qui leur est presque étrangère. Pour la musique, c’est différent, évoquant par moment Kas Product ou Suicide (c’est dire le sérieux de la chose) mais entre chaque morceaux les filles sont très à l’aise, détendues, à l’affût d’un public très réceptif (comprenant quelques fans absolus dans l’assistance), manient l’humour presque aussi bien que leurs instruments et avouons-le, Julia, avec l’expérience Sexy Sushi (bêtes de scènes faut-il le rappeler), s’en sort avec brio, charmeuse et déconneuse. Mieux en tous cas que la pauvre Carla qui, en rappel, après un La Nuit Tombe superbe et tout en crescendo maîtrisé, ne pourra contrôler une quinte de toux l’empêchant de faire les chœurs et l’obligeant à arrêter Pour Oublier Je Dors. L’ironie de la chose étant que le morceau suivant, une fois la toux calmée, sera Je Ne Rêve Plus, sur lequel Julia chante « une insuffisance respiratoire, un goût amer » finissant par achever le duo, incapable de terminer sa chanson, déconcentré et complètement hilare.
C’est donc dans un fou-rire général que se termine ce très bon concert de Mansfield. TYA, frustrant de par sa courte durée (à peine une heure) mais réjouissant de par sa bonne humeur communicative, cette belle complicité entre Carla et Julia et le public (réagissant au quart de tour sur Bleu Lagon, prouvant au duo qu’elles détiennent là leur « tube » incontournable) et par un répertoire nickel capable de charrier autant de frissons (Loup Noir, le monstrueux et hypnotique La Nuit Tombe) que de fous rires irrépressibles (Le Dictionnaire Larousse ou Je Ne Rêve Plus).
Il ne m’en fallait pas plus tout compte fait pour repartir du 6par4 le sourire aux lèvres et charmé par les deux concerts propoposés ce soir.
http://ropoporose.bandcamp.com/album/elephant-love
Super revue de cette soirée, belle écriture, merci beaucoup et au plaisir,
Romain de Ropopo
Merci Romain de Ropopo, tout le plaisir fut pour moi lors de cette excellente soirée. Belle découverte en tous les cas.
Jism d’Addict.