C’est au creux de sa féconde tournée française, grâce au formidable Festival SOY organisé par l’association YAMOY de Nantes (salle Stéréolux pour cette soirée-ci), que j’ai pu vivre en live la nébuleuse musique de Son Lux.
Pour la tournée de son troisième et dernier album Lanterns, sorti en fin d’année dernière, l’Américain Ryan Lott s’est accompagné de deux stupéfiants musiciens : le batteur Ian Chang et du guitariste Rafiq Bhatia. Choix audacieux lorsque l’on sait que l’album studio est pratiquement dépourvu de guitare…
Avec fougue et véhémence, ils ont ébloui les nantais par leur génie, livré une dizaine de morceaux recomposés tout spécialement pour la scène. La grandeur et la beauté de leur set sont liées à l’adresse généreuse, structurée et improvisée de leur jeu. Mélodistes hors-pairs, ils lient divinement l’électroacoustique, à la musique classique, à la techno, la pop, le hip-hop…
A leur trio s’invitent des sons déchirants et des instruments parfois difficilement identifiables, créés et triturés sur ordinateur. C’est ce melting-pot singulier, mélange de lyrisme assumé, baigné dans une belliqueuse noirceur incisive qui magnifie les morceaux du groupe.
Tout au long du concert, Ryan Lott chante comme si sa vie en dépendait. Son corps entier livre les paroles de ses chansons mélancoliques, noires, pures… Comme possédé, il incarne et orchestre une tragédie candide et torturée à la fois, puisqu’au creux de sa musique éthérée se discerne une violence vertigineuse.
Rity tu avais raison, Son Lux « c’est du lourd ». C’est un uppercut bienfaiteur, une claque soyeuse au goût insatiable. Un moment éphémère d’éternité à partager… Merci Lilie Del Sol, je veux déjà y retourner.