[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]ors de la rentrée littéraire de septembre, nous vous avions parlé de Jeu Blanc de Richard Wagamase, un roman évoquant le génocide indiens de la tribu des Ojibwés par les Blancs au milieu des années 1950. Le narrateur y racontait vingt ans plus tard son parcours tumultueux et douloureux.
Avec Taqawan, Eric Plamondon édité chez Quidam éditeur évoque à son tour le sort des indiens en Gaspésie. Le 11 juin 1981, au moment où la police de la sûreté canadienne intervient pour saisir les filets de pêche des autochtones pour faire appliquer sans ménagement des quotas de pêche drastiques sans prendre en compte les besoins et les rites liés à cette activité. Des moyens disproportionnés sont employés pour lutter contre les récalcitrants qui n’ont pas grand chose à dresser devant eux pour se défendre et faire valoir leur lutte. L’oppression est violente et froide.
Tandis que trois cents policiers s’évertuent à faire appliquer la loi dans la violence, une jeune fille est malmenée par trois flics ripoux abusant d’elle en toute impunité alors qu’elle était venue défendre et venger un ancêtre brutalisé. Devant cette avalanche de fureur, un agent va changer de camp et porter secours à la jeune fille. Il s’appelle Leclerc, et va être le symbole de la résistance et de la rencontre entre deux peuples qui s’ignoraient.
Il faut remonter l’histoire plus loin dans le temps. Elle commence plusieurs siècles auparavant, bien avant les Vikings, avant les Basques, avant Cartier. C’est celle des Mi’gmaq installés sur cette partie du Canada comme une terre promise.
Cette histoire, entremêlée avec l’intrigue principale, nous est racontée par Eric Plamondon. Ce sont des passages ethnologiques agissant comme des pauses dans la narration. Ils nous permettent de comprendre ce peuple, sa sociologie, Taqawan, ce saumon qui remonte le fleuve pour rejoindre le lieu de sa naissance. On est fasciné par cette culture à l’écoute de la nature, suivant des préceptes de forces telluriques qu’il faut respecter. On en garde une seule envie : c’est de défendre cette tribu face à l’oppression.
Le roman oscille entre deux facettes, un documentaire scientifique et un pamphlet contestataire, une ode à la révolte. Les personnages sont ambivalents à l’image de Leclerc qui passe de l’oppresseur à l’oppressé, plaidant la cause des opprimés, un retournement de veste salutaire.
Lisez Taqawan ! ❤️
Je confirme, lisez Taqawan !!