[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]‘est un western des temps modernes, quasi politique. Il prend racine sur un sol cramé par le soleil d’une bourgade africaine, où rien ne manque comme ingrédients pour en faire une belle pétaudiere. Terre gâtée, Ange le migrant (Rue de Sèvres) est une belle aventure visuelle qui, à vouloir tirer sur nombre de ficelles scénaristiques, peine parfois à convaincre, mais se laisse néanmoins découvrir avec plaisir.
Le guerrier errant Keita, longtemps disparu, refait un jour surface au milieu des « Natifs » et des « Errants ». Pris pour un migrant, il n’est pas accueilli en héros mais en paria.
Il faut alors toute la bienveillance du Père Joseph pour lui ménager une porte de sortie. Celle-ci sera néanmoins de courte durée. D’actes de guerre en comportements perfides, de situations explosives en terrain miné par la corruption, le danger et l’injustice guettent. Au milieu d’un nulle part aride et désertique, le chantier de construction d’une route sera le théâtre de cette sauvagerie humaine.
À mi-chemin entre l’image d’un western, où la route d’aujourd’hui se substitue au chemin de fer de la conquête de l’Ouest, et celle d’une fable moderne, où les « Errants » sont les doubles des candidats actuels à la migration, la BD nous offre un évident clin d’œil géopolitique.
Les illustrations réalistes et tout en couleur satinée de Christian de Metter servent avec précision le récit de Marguerite Abouet et Charli Beleteau. Celui-ci s’avère cohérent mais les ficelles sont toutefois nombreuses, n’évitant pas les clichés.
C’est à dire que tout y est et c’est parfois un peu too much. Un peu comme si les auteurs avaient souhaité poser tout le décor de ce tome 1 avant de dérouler le tapis couleur sable de la suite de l’histoire.
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La marâtre manipulatrice, sa fille tout en innocence et rébellion, le mari entrepreneur et trop gentil de celle-ci, la mère maquerelle, le vieux sage… À l’image d’un casting de film où doivent nécessairement figurer des personnages au caractère bien trempé, pas un ne manque ici à l’appel.
Cela dit, on ne se fait pas non plus prier pour feuilleter l’album jusqu’à la dernière page. Et l’on se prend même à attendre la suite avec une impatience non dissimulée. Donc ne gâchons pas le plaisir et laissez vous à votre tour embarquer dans cette aventure solaire et faussement manichéenne qui ne manque ni de rythme ni d’intérêt.