C’est la tombée de la nuit qui convient le mieux à l’écoute du nouvel album de The Apartments, quand l’obscurité est encore nimbée d’un discret halo de lumière.
Il s’est écoulé 18 ans depuis la parution de Apart, dernier album en date. 18 années sombres, durant lesquelles Peter Walsh est resté presque silencieux. Mais, porté par l’admiration de quelques fans français, notamment Emmanuel Tellier, leader des 49 Swimming Pool, The Apartments revient aujourd’hui à la musique à travers No Song No Spell No Madrigal. Il faut aussi noter que la sortie de l’album a été financée par un système de précommande sur le site Microcultures et que l’objectif de départ a été dépassé à hauteur de 137%, ce qui en dit long sur la ferveur qui entoure le groupe en France.
Il est aussi question de ferveur dans cet album, de cet élan qui permet à Peter Walsh de composer à nouveau alors qu’il pensait que la musique était derrière lui. Et même s’il fait le douloureux constat qu’aucun retour n’est possible, il choisit malgré tout de raconter son chagrin pour avancer. Imprégné de bout en bout par son drame personnel, les titres se déclinent plutôt sur des tempos lents, mélancoliques. Pourtant le ton n’est jamais pleurnichard.
« No song, no spell, no madrigal
Could bring you back to me »
Mais au delà de la gravité dans les textes de Peter Walsh, au delà de sa voix profonde qui tente d’exprimer l’inexprimable, il y a quand même quelques traces de lumières : la trompette de Black Ribbons mêlée à la voix de Natasha Penot, les cordes de September Skies, le tempo plus enlevé de Please, Don’t Say Remember.
On retrouve tout au long du disque ce que l’on aime de The Apartments, comme si nous les avions quittés hier, cette voix et ces mélodies si familières, que l’on chérit presque en cachette tellement elles sont précieuses.
Enfin, on quitte l’album au son de Swap Places, laissant Peter Walsh s’interroger « Where’s the god in all of this? », puis disparaitre à nouveau dans les ombres du soir. Alors, on ira ranger No Song, No Spell, No Madrigal à côté de ses prédécesseurs, tous semblables et si différents, du sombre Drift au plus lumineux A Life Full Of Farewells, certain d’y revenir souvent.
Album No Song, No Spell, No Madrigal disponible chez Microcultures
Album cover photo by Vivienne Gucwa – Album artwork by Pascal Blua