[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]epuis quelques années, un peu moins de dix, The Flaming Lips, c’est un peu comme un yo-yo qui aurait comme vertu le pouvoir d’arrêter le temps. Une entité hybride qui souffle le chaud via les collaborations colorées et extravagantes avec Miley Cyrus ou les disques collaboratifs avec les Heady Fwends, ainsi que le froid avec les glaciaux Embryonic et The Terror, les deux derniers albums en date avant cet Oczy Mlody. Parés pour le décollage ? Attachez vos ceintures, la fusée d’Oklahoma City vous emmène pour un trip, destination cosmos.
On le sait depuis un bon bout de temps déjà, depuis 1986 pour être précis, Wayne Coyne est un excentrique assez génial à ses heures perdues, capable de relectures collaboratives hyper barrées du Dark Side Of The Moon de Pink Floyd et du Sgt Pepper des Beatles mais aussi d’une luminosité pop dont la dernière incarnation en date se trouve sur le récent album de l’ex-égérie Disney, Miley Cyrus And Her Dead Petz, contribuant à donner à cette dernière une crédibilité envers un autre public que celui pour qui elle avait l’habitude de chanter jusque-là. On la retrouve de nouveau ici, sur le deuxième single extrait de l’album, We A Famly, qui fait suite à Sunrise, qui dévoilait en premier lieu l’horizon onirique de toute l’affaire.
Oczy Mlody, c’est un peu l’antithèse des albums joyeusement bordéliques qui ont donné au groupe un succès d’estime au tournant des années 2000, en gros à partir de The Soft Bulletin jusqu’à At War With Mystics. Sur le papier, nous sommes en présence, de par sa noirceur, d’un album qui pourrait se rapprocher de The Terror. Sauf que ce n’est pas aussi simple.
Tout d’abord, la boîte à rythmes est omniprésente. Kliph Scurlock, le batteur viré en 2014, n’ayant pas été véritablement remplacé. Si The Terror était un disque expérimental sec et tendu, nous sommes ici en présence d’un album certes tout aussi expérimental, mais beaucoup plus planant, une sorte d’invitation au voyage à travers les étoiles là où The Terror nous faisait voyager dans un monde post-apocalyptique anxiogène.
Ensuite, on ne retrouve pas le côté claustrophobe présent sur les deux précédents albums. Il y a une tension, palpable, mais aussi de la féérie, du rêve, quelque chose de commun avec leur ancien compagnon d’arme Jonathan Donahue, même si ce dernier peine à tenir la maison Mercury Rev bien droite alors que Coyne file tout droit sans aucun état d’âme.
Trip psychédélique hallucinogène, Oczy Mlody réussit son atterrissage non pas sur la lune, mais sur notre platine où il tournera en orbite de manière durable. A 55 ans, Wayne Coyne continue de graver, avec ses deux complices de longue date, Steven Drozd et Michael Ivins, les tables de loi du rock indé intelligent, celui qui consiste à écrire l’histoire plutôt qu’à en être les suiveurs.
Fascinant.
The Flaming Lips, Oczy Mlody, le 13 janvier 2017 chez Warner Bros pour les USA et Bella Union pour l’Europe.