[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n terrain connu. C’est grosso modo ce que l’on se dit à chaque fois que l’on pose un nouvel album de The National sur la platine, avec l’inévitable question qui s’ensuit : sera-t-il encore à la hauteur ou sera-t-il aussi savoureux qu’un plat réchauffé pour la Xième fois ?
Sleep Well Beast a la lourde tâche de succéder à Trouble Will Find Me, qui lui même avait la lourde tâche de succéder à High Violet, qui lui même devait assurer après le formidable The Boxer…Etc. On peut donc aisément mesurer l’ampleur de la tâche.
En alternant les parties plus sombres au piano et les morceaux plus Rock dans la première partie du disque, ils évitent ainsi l’écueil de la monotonie. L’efficacité de Day I Die, Turtleneck et The System Only Dreams In Total Darkness, toutes en guitares acérées, coupantes comme des lames de rasoir, devrait faire un malheur lors des concerts à venir.
L’apparition de titres plus orientés vers l’électro qui font suite (Empire Line, I’ll Still Destroy You, Guilty Party, Sleep Well Beast) semblent cohérents dans une époque où l’entre-deux eaux est prédominant et ne nuisent pas à l’ensemble. Un peu comme sur les albums de Radiohead, si l’on se risquait à une quelconque comparaison stylistique, au temps où ils expérimentaient des sons nouveaux.
Et puisqu’on parle d’entre-d’eux eaux, The National, c’est aussi une combinaison hybride, un mélange de grosse artillerie festivalière mais qui propose tout de même la plupart du temps une intimité musicale qui sied tout autant à un public fréquentant les Beaux-Arts qu’aux festivaliers lambda. Ce n’est donc clairement pas un groupe dévoué entièrement à la cause confetti, serpentins, cotillons et autres feux d’artifices.
Et puis, que serait un album de The National sans son titre épique ? Sur The Boxer se trouvait Fake Empire, sur High Violet, c’était England, sur Trouble Will Find Me, Pink Rabbits. Sleep Well Beast contient son instant frisson avec Carin At The Liquor Store, une ballade mélancolique efficace dont ils ont le secret.
En conclusion, il est réjouissant de retrouver le groupe à un niveau pareil, après tant d’années de fonctionnement, et ce même si aucune surprise n’est à l’ordre du jour. Qu’on le veuille ou non, ils ont réussi le pari, sur le long terme, d’être un acteur majeur de la scène musicale d’aujourd’hui en conservant le caractère « indépendant » de leur musique. La dimension acquise par le groupe et les performances qui en découlent n’en sont que plus réjouissantes.
The National, Sleep Well Beast, depuis le 08 septembre chez 4AD.