L’ami Beachboy vous avait déjà prévenu il y a un an, lors de la parution de leur premier Ep : The Tubs serait le prochain groupe à suivre en matière de pop à guitare. Formé en 2019 par Owen Williams et George Nicholls après leur départ de Joanna Gruesome, The Tubs acquiert sa notoriété en écumant toutes les salles de concert et en publiant, chez Prefect Records, un premier 7-inch : I Don’t Know How It Works.
La suite, vous la devinez aisément : un premier EP sorti fin juillet dernier, Names, et dans la foulée, sortie de Dead Meat, premier album attendu au tournant. Pour ceux qui l’attendaient. Parce que me concernant, ne les connaissant pas… je me suis pris une petite claque. Équivalente à celle prise avec RVG pour Feral. Le genre qui vous fait écouter l’album trois, quatre fois de suite. Vous me direz, vu la durée très courte de l’album (une petite vingtaine de minutes), il n’y a aucune difficulté à avoir ce genre de comportement. Il n’empêche. Dès l’intro, avant que la mélodie ne se mette en place, noisy héritée de leurs années chez Joanna Gruesome, l’auditeur est scotché par cette rythmique sautillante, ces guitares tournoyantes, acérées, légères et cette basse omniprésente.
La suite du morceau confirmera cet état de grâce : abandon de la noise au profit de guitares empruntées aux Bats, une mélodie qui vous reste immédiatement dans le crâne et une envie irrépressible de sauter partout, le sourire aux lèvres. Petit hic néanmoins : le chant. Dans un premier temps, on se dit qu’on tient un chanteur British lambda (regards vers Italia 90), au phrasé Smithien (Mark.E, pas le groupe) et dès qu’il pose sa voix, l’auditeur écarquille les yeux, se demandant d’où elle vient, entre un Arthur Lee libéré de ses addictions et un Bob Mould de sa dépression. Pour autant, si c’est désarmant dans un premier temps, le chant contribue au charme de l’album ensuite.
De par le fait que celui-ci peut évoquer comme je le disais Bob Mould (Round The Bend, qu’on jurerait issu du premier Sugar), Arthur Lee mais également le Grant Hart de Nova Mob (That’s Fine notamment, qu’on aurait très bien vu sur The Last Days Of Pompeï), faisant ainsi le pont avec le Pays de Galles d’où sont originaires les membres et l’Amérique.
Autre influence à contribuer au charme de Dead Meat, la Nouvelle-Zélande et sa jangle-pop de haute volée. Comment en effet ne pas penser à The Bats, à The Clean, aux Verlaines et à cette limpidité pop, délestée des guitares baveuses, allant à l’essentiel, torchée en moins de trois minutes, alignant tubes sur tubes. C’est là qu’on retrouve un autre point commun avec le Dunedin Sound : un groupe capable d’écrire un disque où chaque chanson est un miracle pop. Alors bien sûr, certains détracteurs vous diront qu’aucune chanson ne se démarque réellement, qu’il n’y a pas de vrai tube porteur. Certes, ce n’est pas faux. Mais à ces tristes sires, je répondrai juste : Wretched Lie. Morceau imparable concluant Dead Meat. Là, c’est Johnny Marr qui s’invite chez les Bats, c’est un refrain qui ne lâche rien, une mélancolie qui se tient à l’affût et une phrase qui résume à elle seule l’addiction violente qui s’empare de vous à la fin du morceau : you are always on my mind.
Autre élément qui fait le charme de ce disque : le fait que l’auditeur voit la progression du groupe en direct et aussi que celui-ci s’amuse en faisant des clins d’oeil à sa discographie passée. Pour le premier point, la différence entre les premières versions de Two person Love et I Don’t Know How It Works est assez flagrante : l’ossature est là, les mélodies également, ne manquent juste que les arrangements pour rendre les chansons légères, pétillantes (l’ajout d’une voix féminine sur I Don’t Know…), percutantes (rythmique plus soutenue sur I Don’t Know). Pour le second point, l’intro de Dead Meat faisant référence au premier morceau de leur Ep (Illusion).
A vrai dire, de mon point de vue, le seul reproche qu’on pourrait faire à Dead Meat est sa trop courte durée : 26 minutes au compteur, c’est un peu juste. L’avantage, comme je le disais en introduction, c’est qu’on peut l’écouter autant de fois à la suite sans perdre son temps. Et un autre reproche, mais là ça reste très personnel, c’est celui de donner raison à Beachboy. Et là, c’est ce qu’il y a de plus intolérable.