[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#56a332″]L[/mks_dropcap]été est la saison idéale pour construire une cabane. Nous avons des envies de grand air, de marcher et de grimper pieds nus, de sentir la caresse du soleil et la fraîcheur des nuits étoilées, de se faire bercer par le chant des oiseaux et le vent, de mordre dans des pêches juteuses, de lire à l’abri des feuillages, de se reposer et de flâner dans les hauteurs, de partager des secrets et des choses sur soi loin du tumulte…Mais pour avoir une cabane, il faut du temps, et de l’inspiration : choisir le terrain, l’arbre, le type de cabane, dessiner des plans, construire et rêver, beaucoup rêver pour parvenir à la cabane idéale. Les enfants, eux, disposent de ce temps et les rêves ne leur font pas peur. Souvent, ils les concrétisent et s’élèvent, dans les branches et l’imaginaire , au-dessus du quotidien. Carter Higgins et Emily Hughes nous plongent avec cet album irrésistible dans la richesse des jeux enfantins où tout est possible, où tout est à construire…
D’abord, pour une cabane, l’envie et la projection sont essentielles :
« Ce qu’il faut pour une cabane,
c’est avoir du temps
pour lever les yeux,
et imaginer là-haut
une maison
faite de bois noueux,
de rondins et d’écorce. »
Ensuite, on sélectionne son arbre : « isolé et majestueux » ou avec des voisins, dans une forêt.
Puis, on élabore les plans, on constitue une équipe, on trouve des outils, et on grimpe, avec échelle, corde ou liane, clous dans la bouche et marteau dans la poche.
On construit, petit à petit, toutes les formes, toutes les architectures sont permises. Et on pense à tout : le pratique et aussi le ludique. Tout est prévu : les voies d’accès, les différents espaces de vie, les provisions, les lampes torches, couvertures et chaussettes pour la nuit et les veillées, les balançoires et même une bibliothèque ; sans oublier les coussins, indispensables pour lire des livres et écouter les histoires et secrets des ami.e.s.
Tout est imaginé pour que l’on se sente bien et que les secrets soient bien gardés. Une société d’enfants amoureusement dessinée par Emily Hughes. Pas moins de 205 enfants sont représentés précise-t-elle ! Pas l’ombre d’un adulte ; juste des oiseaux, des insectes et des chiens compagnons. J’avais beaucoup aimé son premier album publié en France, Sauvage, qu’elle avait écrit et illustré, dans lequel une petite fille née dans les bois est infiniment plus heureuse au milieu des animaux que parmi ses congénères. Emily Hughes rend particulièrement belles la nature, la joie et la vivacité de l’enfance. Ses univers plantent des décors détaillés dans lesquels vivent et s’ébattent ses personnages, comme des écosystèmes où résonnent les rires et défilent les rêves. Chacun.e a sa place, et sa richesse, en harmonie avec la nature.
Alors, nous, adultes, n’auront peut-être pas assez de temps pour construire une cabane, ni même pour l’imaginer, mais accordons-nous, à la lecture de cet album, juste une pause et on les entendra, les chants d’oiseaux, on les sentira, le soleil, le vent et les lianes qui glissent entre nos doigts ; oui, on s’y sentira bien, dans notre refuge…
Tout ce qu’il faut pour une cabane de Carter Higgins et Emily Hughes,
traduit par Catherine Biros, Albin Michel jeunesse, mai 2018
N’hésitez pas à consulter le blog de l’auteur Carter Higgins : Design of the picture books