Un garçon disparaît de François Rivière est un roman étonnant. Il cumule plusieurs genres tout au long de ses quelques 250 pages : roman policier, roman de mœurs ou roman d’apprentissage. Un peu tout cela à la fois.
Années 60 dans une petite ville, une institution catholique est menée par deux femmes qui entretiennent une liaison. Adrien en est un élève. Garçon fragile et maniéré. Il est le pivot de l’histoire et le personnage principal.
Sa vie se trouve deux fois bouleversée en peu de temps. D’abord à l’arrivée d’Oscar dans son école, pour lequel il se prend d’une amitié très forte, voire d’un amour qui ne dit pas encore son nom. Puis une seconde fois, lorsque ce même Oscar disparaît à la suite d’un événement qui bouscule toute la ville et l’école elle-même.
Cinquante ans plus tard, Adrien ne s’est toujours pas remis. Sa rencontre avec Julian Dransfield, sorte d’Hercule Poirot (François Rivière a écrit une biographie d’Agatha Christie) à la fois mou et attachant, le ramène à ses souvenirs.
Dransfield enquête sur le fait divers qui a entraîné la fermeture de l’école et oblige ainsi Adrien à évoquer tous ses souvenirs.
Plusieurs personnages ayant vécu ce fameux fait divers vont alors en raconter leur version à Dransfield. L’enquête progressera tout au long du roman, de même qu’Adrien, devenant ami avec Julian, se dévoilera de plus en plus, sorte de psychanalyse en accéléré.
Roman policier avec des relents de religion. Roman de moeurs sur les années 60, l’homosexualité féminine entre les deux directrices de l’institution catholique mais aussi masculine avec Adrien.
Roman d’apprentissage pour Adrien dont le parcours est dévoilé par petits bouts, confessions de sa part ou témoignage de ses amies de l’époque. Un livre qui détonne dans la production actuelle. D’un style très classique, quasi suranné et qui pourtant fait mouche.
Un garçon disparaît, de François Rivière, Editions Rivages, février 2014