[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est quand on se perd dans un livre que l’on trouve le plus de plaisir. Parce que ces livres à plusieurs facettes et en jeu de miroirs sont les plus profonds. C’est le cas avec Un père étranger d’Eduardo Berti, dans lequel l’auteur convoque plusieurs thématiques sérieuses, telles l’identité et la paternité. L’écrivain, membre de l’Oulipo, réussit à condenser dans un livre déjà bien épais plusieurs romans : celui du narrateur qui raconte l’écriture du livre, celui parlant de Joseph Conrad et celui du père écrivant pour la première fois. Ainsi Eduardo Berti propose-t-il des croisements entre toutes ces figures pour mieux y transparaitre.
Quand je sortais, j’avais du mal à me souvenir que j’étais à Paris. Je me sentais comme le personnage de cette nouvelle de Cortázar qui, sans transition aucune, parvient à passer de Buenos Aires à Paris ou vice-versa, comme on ouvre une porte et change de dimension. Eduardo Berti
Un père étranger raconte l’histoire d’un homme qui quitte Buenos Aires pour s’installer à Paris. Et tandis qu’il débute l’écriture d’un roman sur Joseph Conrad, il apprend que son père commence lui aussi à écrire. Le père a fui la Pologne et a changé de nom. Joseph Conrad a, lui aussi, connu l’exil. Ces deux figures mises en parallèle questionnent le narrateur. Le mélange des fictions produit une autre approche du réel. Le père évoqué dans ce livre est évidemment un double de celui d’Eduardo Berti.
L’écrivain manie l’art de nous happer dans un tourbillon romanesque. Mais au-delà de la fiction, il écrit aussi sur sa propre quête d’identité. En jouant avec l’imaginaire et l’écriture (comme peuvent le faire les membres de l’Oulipo), Eduardo Berti ne forge pas uniquement une forme labyrinthique, il crée son propre chemin pour en sortir. Nous le savons sans avoir la possibilité d’enfreindre son intimité, simplement en lisant entre les lignes. On comprend alors l’importance d’Un père étranger dans l’œuvre de son auteur.
Ce roman de plus de 400 pages joue avec la réalité et cache bien son jeu. Eduardo Berti y fait un travail sur lui-même. En réalité, ce livre est bien plus épais qu’il n’y parait. La lecture démultiplie les pistes de compréhension. L’identité, l’exil et l’écriture y sont des objectifs révélant les véritables racines d’un être humain. Eduardo Berti cherche à comprendre son identité et la lecture incite à faire de même pour soi, puisque tous les livres que nous lisons sont des miroirs.
[divider style= »dashed » top= »20″ bottom= »20″]
[one_half]
Un père étranger de Eduardo Berti
traduit par Jean-Marie Saint-Lu
Éditions La contre allée, janvier 2021
[button color= »gray » size= »small » link= »http://lacontreallee.com/ » icon= » » target= »true » nofollow= »false »]Site web[/button][button color= »blue » size= »small » link= »https://www.facebook.com/lacontreallee/ » icon= » » target= »true » nofollow= »false »]Facebook[/button][button color= »pink » size= »small » link= »https://www.instagram.com/la_contre_allee/ » icon= » » target= »true » nofollow= »false »]Instagram[/button]
[/one_half][one_half_last]
[/one_half_last]
[divider style= »dashed » top= »20″ bottom= »20″]
Image bandeau : Signature de Joseph Conrad – Domaine public