[dropcap]I[/dropcap]l y a quelques années encore, lorsqu’il fallait associer l’idée du punk avec la Suède, il était impossible de ne pas tilter sur les costards des hurluberlus de The Hives. Il faut croire que l’esprit scandinave se place plutôt bien lorsqu’il y a une surdose de je-m’en-foutisme assumé. Printemps 2019, dans la fosse aux lions, les compatriotes de Viagra Boys retiennent l’attention d’une assistance férue de rock dont la mienne (juste après le set télécommandé bien que secoué des irlandais de Fontaines D.C)… Pour revenir à des considérations platement géographiques, au costume ultra strict de Pelle Almqvist (frontman de The Hives) répond le torse tatoué de Sebastian Murphy, autre bête de foire. En tous les cas, l’intéressé en ce début 2021 débarque avec sa bande pour un deuxième long format des plus stimulants.
“You can have me if you want me
All I need is a little street money
I need a place for all the shit in my closet
I need a place to put all my electronics
Ain’t nice
I ain’t nice »
L’accroche est radicale, ultra cinglante. Les bases sont posées dans la désinvolture et la conscience des anti-héros. Ain’t Nice cogne et crache à la gueule des badauds. Le son est percutant et crade. Les garnements enclenchent la machine déglinguée pour un récital qui sent plus la poisse que la friandise. Avec Toad, la filiation moins australe de The Birthday Party s’avère pertinente. Une fois dans le cœur du réacteur, l’impression est de flotter dans un vieux repère mal famé. Le saxo y couine, les vibrations interpellent, l’affranchissement se veut furax.
Cette fois-ci, le quintette de Stockholm a travaillé ses enchainements. En fait, il n’y a pas de temps morts. La moiteur répond à l’effervescence dans une logique mêlée de phases transitoires glissant sur quelques interludes espiègles.
Avec Into The Sun, les battements sont lourds, le chant éraillé vers un climax abrasif, à peine planqué derrière le rideau d’un soleil voilé. Creatures sera le détonateur de l’épanchement bien plus électronique. Les mouvements d’une synth-pop poussiéreuse régalent la compagnie …
Les ébauches du premier album, le plus « scolaire » Street Worms, paraissent bien loin. En un peu plus de deux ans, Viagra Boys a forgé son caractère propre, ravitaillant les influences comme d’autres s’abreuvent allégrement de bière. 6 Shooter est de cette veine, titre flingueur dont la frénésie se charge de cuivres déments.
Sans doute moins brut mais plus stylisé, Welfare Jazz annonce la ferveur d’un tapage qui n’est pas avare en sauvageries et claquements de dents. Les pistes sont concises, incisives, balancées avec autant de tact que de grincements. Illustration totale avec le blues démembré d’I Feel Alive, aussi louche qu’une rencontre fortuite dans les sous-sols d’un bar clandestin en pleine prohibition. Dans la foulée, Girls & Boys actionne la pompe pour un frétillement assuré sur le dancefloor déjà inondé de sueur et de fluides en tout genre… Autant vous dire qu’il sera amusant d’enchainer cette ode de 3ème mi-temps avec l’autre sauterie homonyme déversée jadis par les branleurs de Blur. En fin de compte, l’effet escompté sera de nous expédier illico vers une irrépressible ribouldingue.
C’est cet aspect de ce deuxième album qui sera à saluer. Une exécution sarcastique du propos, une exposition soignée des effets, quelques coups cuisants qui refilent dardar la trique. Le tout emballé, pesé et livré avec son lot de véracité crue.
Pour fignoler la bête, finalement plus caustique que le dernier Idles (par exemple), Welfare Jazz assommera la tâche avec une reprise aux accents country. Le duo goupillé avec Amy Taylor, échappée d’Amyl & The Sniffers, est bien senti, couronné d’un hommage en direction de John Prine, décédé en avril dernier. In Spirit Of Ourselves et son clip au montage cocasse (acception généreuse) sera le point d’honneur d’une production jonglant entre folie douce et conscience digne d’un lendemain de cuite. Rester affuté sans se prendre au sérieux. Une devise qui devrait faire des émules.
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Welfare Jazz – Viagra Boys
YEAR0001 – 8/01/2021
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Image bandeau : Fredrik Bengtsson