Mario est aussi discret que Santiago est expansif. Et tandis que le premier prend tout au tragique et s’inquiète de n’avoir aucune photo de sa naissance, le second prend la vie comme elle vient. Il aime les jolies filles et se désole que Mario passe le plus clair de son temps à fouiner dans le passé, plutôt qu’à se chercher un avenir en bonne compagnie. Alors, quand l’idée vient à Mario de passer des test ADN pour être certain que ses parents sont bien ses vrais parents biologiques, c’est avec amusement que Santiago le suit dans ses recherches, se prêtant lui aussi à ces tests, comme un divertissement supplémentaire.
Il faut dire que Victoria, la très belle infirmière qui les accueille au laboratoire, a provoqué chez Santiago un vrai coup de cœur. Pas de ceux qui vous happe sur le moment et que l’on finit par oublier, non ! Un coup de cœur énorme et réciproque, qui les conduira tous deux sur le chemin d’une vie commune, rien de moins. Pour autant, Victoria cache un lourd secret qui emplit les pages de cette bande-dessinée avec une désespérance croissante.
[mks_col]
[mks_one_half]
[/mks_one_half]
[mks_one_half]
[/mks_col]
Les dialogues très denses de Matz (Géronimo, Rue de Sèvres ; Le Tueur, Casterman) se mêlent avec bonheur et délicatesse à l’univers graphique de Mayalen Goust (connue pour ses illustrations d’albums aux éditions du Père Castor). Dessin fluide, formes évanescentes, couleurs pastellisées marquent l’ambiance visuelle du récit. Tel un voile pudique jetée sur une tragédie incarnée par cette phrase glaçante : « Comme on faisait à cette époque-là, on l’a jetée d’un hélicoptère dans le Rio de la Plata »…
Pendant les 6 années de la dictature, 30 000 opposants politiques ont ainsi disparu. Parmi eux, des femmes enceintes à qui l’on a volé leurs bébés pour les donner à des familles proches du Régime. Une trame de fond poignante au service d’une bande-dessinée très attachante.