[dropcap]À [/dropcap]voir la couverture du nouveau roman de T.C. Boyle, on pense aux disques des Flaming Lips ou à ceux des Black Angels, à une sorte de psychédélisme musical, teinté d’expérimentations de tous côtés.
On ne tape pas si loin car le sujet de Voir la lumière est le LSD ! Mais pas seulement. Il y a ici surtout tout ce qui va avec le LSD, la drogue, les trips et la sexualité débridée. Ainsi que d’autres thèmes abordés dans presque toute l’œuvre de Boyle : la liberté et son pendant négatif, l’enfermement.
De Water Music et son explorateur écossais, Mungo Park, quittant tout pour le fleuve du Niger, à Riven Rock où les époux Katherine Dexter et Stanley McCormick sont séparés quasiment à jamais par la maladie mentale de Monsieur en passant par Talk Talk et son héroïne, Dana, coupée du monde par sa surdité mais aussi par un homme qui lui vole son identité, Boyle explore, dans son œuvre, sans relâche l’humain et l’influence de la science sur nos sociétés.
Le début de Voir la lumière (Outside Looking In, en superbe titre original) se lit comme une nouvelle et T.C. Boyle en est un sacré spécialiste alors autant vous dire que ces quarante premières pages se dévorent. On regrette presque (presque seulement) de devoir abandonner les personnages introduits ici pour en suivre d’autres, quittant ainsi 1943 pour atterrir en 1962.
Dans ce prélude situé à Bâle en Suisse, dans un laboratoire, un éminent professeur, pourtant très peu aventureux, fait une grande découverte. Il ingère alors, à titre expérimental, une substance chimique (qui sera appelée plus tard LSD) sous le contrôle d’une assistante. Premier et intense trip du roman Voir la lumière ! Premier trip, premières lumières, premier malaise également. Tout est vu ici à travers les yeux de la petite assistante, bigote et craintive. C’est d’une drôlerie effarante ! Le reste va suivre.
Passé ce prélude, nous voilà en 1962 à Cambridge, sur le campus universitaire où un professeur, lui assez aventureux, voire déluré, se lance dans la recherche autour de ces petites pilules que le laboratoire suisse lui fournit en grande quantité. Tim Leary, premier gourou du LSD ! Alors bien sûr, son « premier cercle » et lui même prennent ce LSD sous couvert d’expérience scientifique, pour en découvrir les effets (et aussi pour se rapprocher de Dieu). Ces dimensions scientifiques et religieuses sont présentes tout au long de l’histoire. De même que l’envie de briser des barrières morales.
… briser les tabous, se débarrasser de restrictions imposées par la société, renforcer les liens au sein du groupe et planter un pieu dans le cœur des jeux bourgeois qu’ils avaient été contraints de jouer jusque-là.
Tim Leary, gourou, disions-nous, réussit à emmener avec lui, au Mexique puis près de New-York celles et ceux qu’il appelle son « premier cercle » : des scientifiques qui collaborent avec lui, lui accordent une confiance aveugle et font participer femmes et enfants.
Tout cela risque de mal finir… .
La morale, la jalousie arrivent ou reviennent comme un boomerang et le jeu de massacre n’est plus très loin, d’autant qu’en plus des drogues, l’alcool est consommé en grande quantité.
Au Mexique, il avait couché avec Fanchon, elle en était certaine, et peut-être même aussi avec Susannah, mais ça ne signifiait rien, pas quand on était sous influence, pas au cours d’une séance. La jalousie n’était qu’une affaire d’ego, une maladie, le but principal de la drogue était de te permettre de renoncer à ton ego et de vivre uniquement dans le moment présent. Elle avait eu Ken. Et Charlie. Et ce n’était rien. Entre frères et sœurs … tripant ensemble.
Une fois le sexe entré à son tour dans la partie, plus personne ne contrôle quoi que ce soit même si certains tentent de revenir à la raison.
Voir la lumière peut se lire presque comme un polar. Jusqu’où vont aller tous les personnages ? Jusqu’à quels excès ?
T.C. Boyle ne juge pas. Il se contente de suivre le fil de cette histoire incroyable. Pas de temps morts. Une tension qui s’accumule et un héros, Fitz, pris dans la tourmente avec sa femme et son fils.
Encore une fois, T.C. Boyle signe un grand roman !
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Voir la lumière
de T.C. Boyle
traduit de l’anglais (États-Unis) par Bernard Turle
Editions Grasset, 5 février 2020
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Image bandeau : Pixabay